Don d’organes : un taux d’opposition dû au manque d’information ?

Publié le 24 Juin, 2024

A l’occasion de la journée du don d’organes et de la greffe le 22 juin, l’Agence de la biomédecine (ABM) a fait le constat d’un taux d’opposition au don d’organes qui reste élevé (cf. Don d’organes : trop d’opposition selon l’ABM).

Un taux d’opposition en hausse

En 2023, il était de 36,1% dans tout l’Hexagone, allant même jusqu’à environ 50% en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France. Entre janvier et mai 2024, ce taux était de 36,8%, soit +6,5 points par rapport à la moyenne 2017-2019 (cf. Dons d’organes en France : l’opposition augmente, les prélèvements Maastricht III aussi). Pourtant selon les chiffres de l’ABM, 80% des Français sont favorables au don et seulement 1% sont inscrits au registre national des refus. Mais, dans les faits, beaucoup de familles refusent le don d’organes de leur proche décédé « par incertitude quant aux souhaits du défunt ». D’autres facteurs contribuent à ce fort taux d’opposition : seuls 24 % des Français savent que les organes et tissus ne peuvent pas servir à la science, 26 % des Français pensent que le donneur n’est pas encore décédé au moment du prélèvement d’organes (cf. La « ressuscitation partielle », un nouveau protocole de prélèvement d’organes) et 51% qu’il existe une limite d’âge. Enfin, 38% des Français considèrent que le prélèvement d’organes et de tissus n’est pas compatible avec les rites funéraires religieux.

Au 1er janvier 2024, 11 422 patients étaient en attente « active » d’une greffe et 10 464 en attente « inactive »[1] (cf. Greffes d’organes : un niveau insuffisant selon l’ABM). Chaque jour, 23 nouvelles personnes sont inscrites sur la liste, 2 à 3 décèdent et quinze patients bénéficient d’une greffe. « Il y a clairement un écart entre l’offre et la demande », déplore le Pr François Kerbaul, directeur du prélèvement et de la greffe organes et tissus à l’ABM. Il souligne toutefois que pour l’année 2023, 5634 transplantations d’organes ont été recensées (cf. Greffes d’organes en France : les prélèvements Maastricht 3 en hausse). Elles provenaient de donneurs décédés pour 1791 d’entre elles et 577 venaient de donneurs vivants (cf. L’ABM lance une campagne pour sensibiliser aux greffes rénales à partir d’un donneur vivant). Les greffes rénales en ont représenté la plus grande part (3 525), suivies des greffes hépatiques (1 343) et cardiaques (384).

L’Espagne comme modèle ? 

« Comme l’a fait l’Espagne, il faut développer la culture du don et l’institutionnaliser, il faut aussi renforcer la confiance dans les institutions hospitalières » explique le Dr Marine Jeantet, directrice de l’ABM (cf. Don d’organes : l’Espagne enregistre un record en 2023). « C’est l’affaire de tous les établissements et de leur gouvernance : il est nécessaire de lever la pression qui existe aujourd’hui sur la filière, de libérer des équipes et des blocs dédiés » poursuit-elle.

Dans l’Union européenne, l’Espagne fait figure de « modèle » avec un système mis en place depuis plus de 25 ans qui favorise la formation et la communication dans le milieu hospitalier (cf. Euthanasie et dons d’organes : les “résultats” de l’Espagne). Comme pour la France, la procédure est celle du consentement dit « présumé » (cf. Angleterre : le consentement présumé remis en cause par la baisse de transplantations ?). Dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Irlande, le Danemark ou la Suisse, c’est le consentement explicite élargi qui est appliqué.

 

[1] Dans le cas où le risque actuel à recevoir une transplantation est jugé « excessif ».

Sources : Le Quotidien du Médecin, Juliette Dunglas (21/06/2024) ; Hospimedia, Pia Hémery (21/06/2024) ; Cnews (22/06/2024) – Photo : iStock

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