“Je n’avais pas le droit de dire que j’étais mal” : Un père endeuillé évoque les deux fausses couches de sa compagne

Publié le 20 Fév, 2019

« Je souhaite partager la perte de deux bébés in utero à 6 mois et demi et de 8 mois de grossesse ». Plus de dix années après les faits, un père de famille témoigne et l’émotion est encore bien présente.

 

A l’époque, sa compagne enceinte de quelques mois est prise de troubles inquiétants, elle vomit du sang. Elle consulte alors son obstétricien. « Son cœur s’est arrêté. Ils ne savent pas ce qui s’est passé », annonce-t-elle avec tristesse au père de l’enfant, « ils vont provoquer l’accouchement ». Le lundi suivant, jour de l’accouchement, « elle ne voulait pas que je sois là », se rappelle-t-il. Lorsqu’il retrouve sa compagne après l’opération, il constate que le personnel médical s’est bien occupé d’elle. On lui a même « proposé de l’aide psychologique » pour la suite. Mais, « à aucun moment quelqu’un s’est adressé à moi », explique-t-il.

 

Les médecins ont ensuite fait des analyses et une autopsie du bébé, cependant ils n’ont rien trouvé pouvant expliquer sa mort. Un an et demi plus tard, le couple attend de nouveau un enfant. La grossesse se déroule cette fois-ci sans difficulté et leur petite fille voit le jour. Puis un an plus tard, naît leur troisième fille.

 

Lorsqu’elle tombe enceinte pour la quatrième fois, le couple se réjouit. Mais lors d’un rendez-vous avec l’obstétricien, ils apprennent de nouveau que le cœur du bébé s’est arrêté. « Je n’y croyais pas. Je pensais à un cauchemar qui recommençait », témoigne le père, « elle a dû à nouveau accoucher d’un enfant mort…». Et de nouveau, « plein de personnes se sont intéressées à la santé psychologique de ma compagne et à sa détresse (…) Mais je suis obligé de constater qu’à aucun moment on ne m’a demandé comment j’allais. Ni la première fois ni la deuxième », poursuit-il. « Pourtant j’aurais bien aimé de l’aide. Je ne savais pas comment réagir face à ma compagne et je ne savais pas comment digérer ces deux morts ».

 

« On m’a laissé de côté. On m’a demandé de faire comme si tout allait bien et de ne pas faire de vague », souligne-t-il. « Je n’avais pas le droit d’être en deuil ou de dire que j’étais mal. C’était réservé à ma compagne. Mais je suis un parent aussi ». Cette souffrance, il la partage aujourd’hui. « Il m’aura fallu plus de 10 ans pour me sentir assez à l’aise face à ces deux expériences et pouvoir en parler », conclut-il. « Pour dire aux autres qu’ils ne sont pas les seuls dans ce cas et que tout le monde a le droit d’être aidé. »

Huffpost (20/02/19) – Après deux fausses couches, j’aurais aimé qu’on fasse aussi attention à ma douleur de père

 

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