Fin de vie : l’Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?

28 Mar, 2024

Le 28 mars, un projet de loi visant à légaliser l’« aide à mourir » a été présenté au Parlement écossais décentralisé d’Edimbourg. C’est la troisième fois que le Parlement écossais est saisi du sujet. Les précédents projets de lois ont tous été rejetés jusque là (cf. Ecosse : un projet de loi dépénalisant l’euthanasie introduit au Parlement).

Une proposition inspirée de l’Oregon

Le texte autorise les personnes atteintes d’une maladie en phase terminale, et dont le plein discernement a été préalablement attesté par deux médecins, à demander l’« aide à mourir ».

Seuls les patients âgés de plus de 16 ans, résidant en Écosse depuis au moins un an, et pouvant s’administrer eux-mêmes le produit pourront y avoir recours.

Liam Mc Arthur, le député démocrate qui a présenté le projet de loi, précise également que « la maladie devrait être en phase terminale avancée », et que les médecins devront s’assurer qu’il n’y a « pas de coercition ». Il ajoute que sa proposition s’inspire du « modèle de l’Oregon » où « les critères d’éligibilité n’ont pas changé du tout » depuis l’entrée en vigueur de la loi en 1997 (cf. Oregon : les suicides assistés en hausse de 20 % en 2023 ; Suicide assisté : l’Oregon, un « exemple » aussi pour les dérives).

« Je ne pense pas que la réponse à leur souffrance soit de mettre fin à leur vie »

« En tant que médecin spécialisé dans les soins palliatifs, lorsque je vois des patients qui souffrent, je ne pense pas que la réponse à leur souffrance soit de mettre fin à leur vie » s’offusque le Dr Mac Cormick (cf. « Etre regardés, soulagés, accompagnés, mais pas tués »). Elle se dit inquiète du risque de diagnostic ou de pronostic inexacts, mais aussi de l’existence de pressions non détectées, et souligne que les patients gravement malades peuvent changer d’avis.

Gordon Macdonald, le directeur général de Care Not Killing, qui s’oppose lui aussi au projet de loi, alerte également sur l’absence de « garanties efficaces », l’un des « problèmes majeurs » du projet de loi selon lui. « Les personnes vulnérables courent le risque réel d’être poussées à mettre fin prématurément à leur vie » s’indigne-t-il (cf. Fin de vie : attention au message envoyé aux personnes vulnérables). « Dans les pays qui ont légalisé le suicide assisté et l’euthanasie, une culture de la mort s’installe » (cf. Victoria : le suicide en hausse de 50 % depuis la légalisation du suicide assisté).

« Il y a moins de médecins spécialisés en soins palliatifs en Ecosse qu’il n’y a de députés »

« Une personne sur quatre n’a pas accès à des soins palliatifs spécialisés » alerte par ailleurs Helen Malo, de l’organisation caritative Hospice UK, et la demande devrait augmenter avec le vieillissement de la population (cf. « Les pratiques euthanasiques rendent moribonds les soins palliatifs »). « Il y a moins de médecins spécialisés en soins palliatifs en Ecosse qu’il n’y a de députés » s’offusque le Dr Mac Cormick. Sans soins palliatifs adéquats, il est à craindre que le suicide assisté « ne soit pas seulement un choix. Il devient une suggestion, qui devient ensuite une attente, et nos patients vulnérables sont en danger » alerte-t-elle (cf. Suicide : ne dévoyons pas « le sens de la fraternité, au nom d’une liberté mal comprise »).

Madame Birt, qui est âgée de 68 ans et en soins palliatifs à l’hospice St Columba d’Edimbourg, considère, elle aussi, qu’il faudrait avant tout développer les soins palliatifs. « Après être venue ici et avoir pris conscience de ce qui est offert, je me demande si tout le monde pourrait en bénéficier, ce qui ferait disparaître une partie de la peur qui se cache derrière le projet de loi » explique-t-elle.

L’Ecosse, première nation du Royaume-Uni à légaliser « l’aide à mourir » ?

Le texte présenté devrait être soumis au vote du Parlement écossais l’an prochain.

Le premier ministre, Humza Yousaf, a indiqué qu’il voterait contre le projet de loi. L’Eglise d’Ecosse, l’Eglise catholique d’Ecosse et l’Association écossaise des mosquées sont également opposées au texte.

Si elle approuve le projet de loi, l’Ecosse, qui a le pouvoir de définir sa propre politique en matière de santé, deviendrait la première des quatre nations du Royaume-Uni à légaliser l’« aide à mourir », même si les îles autonomes de Jersey et de l’île de Man l’ont déjà fait.

 

Sources : Medical Xpress (28/03/2024) ;  BBC, James Cook (28/03/2024)

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