Une étude transversale [1] impliquant une enquête nationale en ligne menée de juillet 2022 à octobre 2023 démontre que, en Belgique, les adultes conçus avec les gamètes d’un donneur expriment « un intérêt significatif pour l’obtention d’informations relatives au donneur » (cf. Belgique : un donneur de sperme contraint d’accepter un test ADN). Les enfants issus de couples hétérosexuels semblent présenter un intérêt plus élevé par rapport à ceux qui vivent avec un parent ou deux femmes.
Au total 203 personnes majeures ont répondu aux 43 questions de l’étude dont les résultats ont été publiés le 15 juillet. Parmi eux, 61% ont grandi dans des familles hétérosexuelles avec un père infertile, 26,1% dans des familles homoparentales, 8,4% dans des familles monoparentales et 3% dans « d’autres structures familiales ».
Inscrire le donneur sur l’acte de naissance ?
En moyenne c’est vers l’âge de 16 ans que les personnes interrogées ont appris qu’elles étaient nées grâce à un don de sperme anonyme. Alors que 82,8% des personnes conçues avec un don de sperme ont exprimé le désir d’obtenir des informations non identifiables sur le donneur, 69 % d’entre elles souhaitaient obtenir des données identifiables. De plus, 61,6 % des participants ont exprimé le désir d’avoir un « contact personnel » avec leur donneur et 26,6 % estiment que le nom du donneur devrait figurer sur leur acte de naissance. Enfin, 90,1% des personnes conçues par PMA avec don de sperme ont souhaité obtenir des informations sur leurs éventuels demi-frères ou demi-sœurs issus du même donneur (cf. Belgique : il donne ses gamètes à la science et devient père de deux enfants).
Parmi les 203 participants, 55,2% étaient déjà enregistrés dans des bases de données génétiques (cf. Piratage de 23andMe : les données de 6,9 millions de clients compromises). Parmi eux, 68,8% ont découvert l’existence de frères et sœurs issus du même donneur et 30,4% ont réussi à localiser leur donneur.
Des difficultés psychologiques
Sur le plan psychologique, 61,6 % des personnes conçues avec un donneur ont déclaré s’être senties différentes des autres à cause de leur méthode de conception et 44,1 % ont rencontré des difficultés psychologiques liées au don de sperme anonyme, principalement attribuées à une divulgation tardive (cf. PMA : des problèmes d’identité et de confiance chez les enfants nés après un don de gamètes).
A l’heure actuelle, en Belgique, l’anonymat des donneurs est toujours la règle sauf dans le cas d’un accord entre le donneur et le ou les « parents d’intention », mais des propositions de lois récentes visent à lever cet anonymat.
[1] Perspectives on sperm donor anonymity: insights from donor-conceived adults in Belgium, Phyline Casteels, Julie Nekkebroeck, Herman Tournaye, 15/07/2024, Human Reproduction, deae160, https://doi.org/10.1093/humrep/deae160
Sources : Oxford University Press (15/07/2024) ; Institut européen de bioéthique (19/07/2024)
