Mardi, Geoffrey Hinton et John Hopfield ont remporté le prix Nobel de physique pour « leur travail pionnier dans la création des fondements de l’intelligence artificielle moderne ». Le lendemain, ce sont David Baker, John Jumper et Demis Hassabis qui se sont vu décerner le prix Nobel de chimie pour « avoir révélé les secrets des protéines grâce à l’IA [1] ».
Un lauréat inquiet face à son invention
« Le rôle de l’IA dans la transformation de notre façon de faire de la science ne peut être sous-estimé », affirme Elena Simperl, professeur au département d’informatique du King’s College de Londres. Pour elle, « des disciplines telles que le génie logiciel et la cybersécurité méritaient également d’être reconnues pour leurs contributions à la société ».
Loin de cet optimisme, l’un des lauréats, Geoffrey Hinton, est désormais « effrayé par la technologie qu’il a contribué à mettre au point ». Après avoir reçu le prix Nobel de physique, l’informaticien a mis en garde contre « le danger croissant que représente l’intelligence artificielle si elle n’est pas maîtrisée ». L’année dernière, il avait démissionné de son poste chez Google, craignant que de « mauvais acteurs » n’utilisent la technologie pour nuire.
« De nombreux chercheurs pensent que dans les 20 prochaines années, l’IA deviendra plus intelligente que nous, et nous devons réfléchir sérieusement à ce qui se passera alors », alerte Geoffrey Hinton. « Si vous regardez autour de vous, il y a très peu d’exemples de choses plus intelligentes contrôlées par des choses moins intelligentes, ce qui amène à demander si, lorsque l’IA deviendra plus intelligente que nous, elle prendra le contrôle », s’inquiète l’informaticien. « Je ne suis pas sûr qu’il y ait une solution. »
L’IA entrée au Gouvernement en France
En France, l’intelligence artificielle est entrée au Gouvernement. C’est Clara Chappaz qui a été nommée secrétaire d’Etat chargée du numérique et de l’IA. Elle est toutefois dernière dans le rang protocolaire.
Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier n’a que peu abordé le sujet. Le Premier ministre a uniquement fait part de la prolongation du dispositif de caméras de surveillance algorithmique mis en place pendant les Jeux olympiques. La mesure avait initialement été annoncée comme « temporaire ». « Un basculement dans le monde de la surveillance par les robots qui n’a rien d’anodin et se fait sans débat », souligne l’éditorialiste Eugénie Bastié. « L’enjeu qui nous attend est proprement vertigineux. »
[1] Intelligence Artificielle
Sources : Tech Xplore, Joseph Boyle (09/10/2024) ; Independent, Jessica Coates (09/10/2024) ; Europe 1, Eugénie Bastié (09/10/2024) ; MIT Technolgy Review, Will Douglas Heaven (08/10/2024)