Espagne : protéger les grands singes en raison de « leur proximité génétique avec notre espèce » ?

Publié le 17 Oct, 2024

En Espagne, un projet de loi visant à protéger les grands singes « tant en raison de leur condition d’êtres sensibles qu’en raison de leur proximité génétique avec notre espèce et de leur haut degré d’évolution » est en cours de préparation par l’Exécutif [1].

Il s’agit d’une initiative de la Direction générale des droits des animaux, qui dépend du ministère des Droits sociaux. Son objectif principal est d’interdire expressément l’expérimentation ou la recherche sur les grands singes « lorsque cela peut leur nuire et n’est pas dans leur intérêt » (cf. S’affranchir de l’expérimentation animale ?).

La proposition de conférer des droits aux grands singes fait référence aux travaux du bioéthicien controversé, Joseph Fletcher, qui a élaboré 15 critères pour définir l’« humanité », tels que la conscience de soi, l’intelligence et la notion du temps. Le document expliquant la proposition affirme que les grands singes partagent tous ces traits [2].

L’Espagne, en revanche, autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse [3] et le marché de la procréation y prospère (cf. Le marché de la procréation prospère en Espagne). Depuis 2007, une loi autorise en outre, « sous condition », la recherche à partir des embryons dits surnuméraires, « ne faisant plus l’objet d’un projet parental » [4]. Pour cela, la loi espagnole définit un statut de « pré-embryon »[5], catégorie au sein de laquelle l’embryon peut faire l’objet de recherches.

L’embryon humain ne mérite-t-il pas autant de protection que les grands singes ?

 

[1] El Debate, Sandra Ordóñez (10/08/2024)

[2] « La science a également montré que les grands singes ne sont pas seulement des êtres sensibles, mais qu’ils ont des capacités cognitives telles que l’apprentissage, la communication et le raisonnement complexe qui les rapprochent de celles des êtres humains. Les grands singes semblent être dotés d’une conscience de soi et d’une intentionnalité dans la prise de décision, dans la mesure où ils partagent les quinze attributs que le bioéthicien Joseph Fletcher a établis pour définir la personnalité humaine : intelligence minimale, conscience de soi, maîtrise de soi, sens du temps, sens de l’avenir, sens du passé, capacité d’entrer en relation avec les autres, préoccupation et attention pour les autres individus, communication, contrôle de l’existence, curiosité, changement et capacité de changement, équilibre entre la raison et les sentiments, idiosyncrasie et activité du néocortex. »

[3] jusqu’à 22 semaines si le bébé présente une « malformation grave » ou si la vie de la mère est en danger

[4] ABM, Encadrement juridique international dans les différents domaines de la bioéthique – Actualisation 2024

[5] Embryons âgés de moins de 14 jours

Photo : Andreas Hoja de Pixabay

Partager cet article

Synthèses de presse

pixabay_-_senat
/ Fin de vie

Maladie de Charcot : la proposition de loi adoptée par le Sénat

Mardi, les sénateurs ont adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à améliorer la prise en charge des patients ...
L’Italie fait de la GPA un « délit universel »
/ PMA-GPA

L’Italie fait de la GPA un « délit universel »

Mercredi 16 octobre, le Sénat italien a adopté un projet de loi faisant de la gestation par autrui un « ...
Royaume-Uni : le suicide assisté arrive devant le Parlement britannique
/ Fin de vie

Royaume-Uni : le suicide assisté arrive devant le Parlement britannique

Ce mercredi, la députée Kim Leadbeater a présenté sa proposition de loi intitulée « Terminal ill adults end of life bill » ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres