Soins palliatifs : de nouveaux lits, mais toujours insuffisants face à la demande

14 Oct, 2024

Dans le Pas-de-Calais, une nouvelle unité de soins palliatifs a ouvert à l’hôpital de Riaumont. Aux 10 lits mobiles de soins palliatifs se sont ajoutés « une véritable unité dédiée ». L’établissement accompagnera essentiellement des personnes âgées. Trois patients ont déjà fait leur entrée. « La demande est là », assure Laurent De Rycke, directeur de l’hôpital, qui a « profité de l’été pour recruter une vingtaine de professions paramédicales (psychologue, ergothérapeute, assistante sociale…) et deux médecins supplémentaires ». Une association de bénévoles est également « associée au projet ».

En Bretagne, c’est une équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs qui a été lancée par le centre hospitalier de Guingamp. « Composée de professionnels de la santé, dont un médecin, des infirmiers et une psychologue », elle « travaille avec les établissements de santé pour assurer un suivi personnalisé » de personnes à domicile ou en « structure de soins ». Elle peut en outre « apporter son expertise aux médecins traitants qui souhaitent accompagner leurs patients jusqu’à la fin de vie ».

Des ouvertures qui se font attendre

Attendue depuis près de 10 ans, une unité de soins palliatifs (USP) est opérationnelle, depuis septembre, à l’hôpital Jacques-Cœur à Bourges. Elle compte six lits pour accueillir « les cas complexes », et pas uniquement des patients en fin de vie. Le projet initial « prévoyait l’ouverture d’une unité de dix lits plus un ».

Suite à un départ en congé de maternité, « on n’aurait pas su faire tourner la nouvelle USP, en plus de l’équipe mobile et de l’équipe d’appui départementale qui existaient déjà », explique Veronica Rigondet, médecin et chef de l’activité soins palliatifs de l’hôpital. L’unité « donne la priorité aux patients extérieurs, adressés par des généralistes, l’hospitalisation à domicile (HAD), les oncologues, l’hôpital de jour gériatrique, l’hôpital de jour oncologie… » « Le but est de leur éviter un brancard aux urgences », pointe le médecin.

Un accompagnement « admirable »

Encore en Bretagne, dans le Finistère, deux lits supplémentaires viennent d’être ouverts dans l’unité de soins palliatifs du CHU de Brest à Guilers. Ce sont « plus de 4 000 patients » qui ont été accompagnés depuis sa création en 2003. « On a des accompagnements plus transitoires de l’ordre de 20%, où les patients peuvent repartir chez eux ou vers des structures médico-sociales avant de revenir plus tard si nécessaire pour un accompagnement plus terminal », précise Pierrick Laot, cadre de santé dans l’unité.

Une femme dont le mari y est hospitalisé depuis quelques jours témoigne : « J’étais avec lui à la maison, ce n’était plus possible, j’étais arrivée au bout, maintenant je m’en rends compte. C’est sûr, j’ai mes enfants, j’ai mes sœurs qui sont très présentes mais qui ne peuvent pas être là en permanence, et puis pas forcément avec la parole qu’il faut dans ces moments-là. Ici, c’est leur métier. C’est admirable ce qu’elles font ».

« Des équipes pluridisciplinaires qui soulagent chaque année près de 200 patients. » Mais l’unité reçoit « le double de demandes ».

Complément du 15/10/2024 :

D’autres unités qui ferment

Certains unités ouvrent, mais d’autres ferment. Ainsi, au mois de septembre, la disparition de l’unité de soins palliatifs de Houdan qui était l’« une des premières créées en France », a été « définitivement actée » (cf. Soins palliatifs : l’unité de Houdan ferme « temporairement » faute de médecin). Celle de l’hôpital Emile-Roux du Puy-en-Velay a quant à elle été fermée au mois d’août. Les médecins qui y exerçaient « ont dû participer à la gestion des urgences dans un contexte de pénurie de soignants. Sous pression, ils ont fini par partir », explique le Dr Claire Fourcade, la présidente de la Société d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).

L’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) affiche une augmentation de 100 millions d’euros pour le budget alloué aux soins palliatifs l’année prochaine. Toutefois, l’objectif de vingt nouvelles unités de soins palliatifs dans les douze prochains mois est jugé « irréaliste » par la SFAP, « en raison de la démographie médicale ». En effet, ces soignants craignent que « l’ouverture d’unités “dans un objectif d’affichage” se fasse en déshabillant d’autres équipes, “notamment des équipes mobiles déjà en place et sursollicitées” ».

Les soignants mobilisés contre l’« aide active à mourir »

Face à cette situation et dans la perspective du retour d’une proposition de loi sur la fin de vie devant les parlementaires, les soignants se mobilisent. « Il va falloir reprendre un débat lourd de conséquences alors même que les hôpitaux sont sous pression, que certains services sont à la peine et qu’il existe de fortes inégalités dans l’accès aux soins en France », se désole Claire Fourcade.

Dès lors, « créé pour s’opposer à l’euthanasie », le collectif d’organisations soignantes Soins de vie continue d’accueillir des membres. Initialement « composé d’une vingtaine de sociétés savantes et d’associations (soins palliatifs, infirmières, gériatres, psychiatres, oncologues, aides-soignantes…) », il a été rejoint, depuis la rentrée, par le syndicat des pharmaciens hospitaliers (Synprefh, cf. « Aide à mourir » : les pharmaciens et les établissements exclus de la clause de conscience), mais aussi par l’Association nationale des étudiants en médecine de France(ANEMF) ou encore France Traumatisme crânien.

Sources : La Voix du Nord, Agnès Mercier (12/10/2024) ; Ouest France (11/10/2024) ; Le Berry républicain, Marie-Claire Raymond (14/10/2024) ; France 3, Laurence Postic (11/10/224) ; Le Figaro, Agnès Leclair (14/10/2024) – Photo : iStock

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