L’Agence de biomédecine réalise une campagne sur le don d’organes, utilisant de manière caricaturale…un film d’horreur, intitulé “Déjà vu 2”. En plus d’être ubuesque, le recours à l’épouvante pour parler d’un sujet sociétal si sérieux n’est en rien justifié. Car le sujet soulève de nombreuses problématiques et touche de plein fouet les familles, souvent confrontées brutalement à une mort inattendue (cf. Prélèvement d’organes : le ministère de la santé publie les modalités d’entretien avec les proches).
Au début de ce film absurde réalisé par DDB Paris, une bande de copains part en voiture camper en forêt, lorsqu’un bruit étrange laisser supposer une présence malveillante. Mais le scénario kafkaïen ne s’arrête pas là : parmi le groupe, la jeune fille naïve « qui n’a pas froid aux yeux », est la victime idéale d’un grotesque tueur fou, qui la tue à coups de hache et de couteaux de cuisine. Encore debout bien que poignardée de toute part, la jeune victime explique entre deux cris stridents : « A la fin, j’aurais plus de couteaux dans le corps que dans un tiroir de cuisine », ajoutant que sa mort « sera la plus inutile depuis l’invention de la mort ». A la fin, l’Agence de biomédecine nous apprend que la mort de la jeune fille « n’était pas vaine », puisque la victime précise : « Tout comme vous, je suis donneuse d’organes présumée. Et je sauverai peut-être la vie de quelqu’un » (cf. Faire connaitre son refus d’être donneur d’organes en ligne : ce sera possible dès 2017).
Alexander Kalchev, le directeur de création de de DDB Paris, explique : « Il n’y a rien de plus inutile et agaçant que ces morts prévisibles. Sauf que comme tout le monde, [les personnages du film] sont donneurs d’organes présumés. Parce que ça pour le coup, c’est utile. » Reste à savoir si l’horreur ne constitue pas une sorte d’épouvantail, perdue entre le ridicule burlesque et les ficelles de l’épouvante, qui sensibilise moins qu’elle ne décrédibilise (cf. Don d’organes : opportunité ou opportunisme ?).