Clonage !!

Publié le 17 Fév, 2004

En sept ans seulement, il n’en aura pas fallu davantage pour que l’on passe de l’annonce du clonage de la brebis Dolly à celle de la création des trente premiers embryons humains à partir de la même technique. Le clonage réalisé par les biologistes sud-coréens a relancé une controverse qui ne pourra jamais déboucher sur un compromis tant les oppositions manifestées sont radicales. Comment parviendrait-on à faire s’entendre ceux qui font le pari des futurs progrès médicaux nés de la recherche en biologie au détriment de la protection des embryonset ceux qui jugent indispensable de maintenir certains interdits et refusent que l’on puisse considérer l’embryon humain comme une chose ?

Suzi Leather, responsable de l’autorité britannique de la recherche en embryologie, voit dans le clonage réalisé par les chercheurs coréens, « une formidable avancée ;  c’est un résultat très encourageant ouvrant la voie  à l’usage des cellules souches embryonnaires contre certaines maladies dégénératives aujourd’hui incurables ».  Si cette découverte est reconnue des chercheurs du monde entier, un détail est presque passé inaperçu : la mère-donneuse d’ovules et la personne clonée sont une seule et même personne. C’est-à-dire l’ovule dont on a retiré le noyau (contenant l’ADN) et la cellule dont on a gardé le noyau et que l’on injecte dans cet ovule, proviennent de la même personne.Ce qui atténue la portée de la découverte.

Léon Kass, président du conseil sur la bioéthique auprès de George W. Bush, estime que « l’ère du clonage humain est arrivé » : l’obtention d’embryons destinés à être détruits pour soigner ne fait, selon lui, que précéder l’obtention d’embryons destinés à se développer dans l’utérus d’une femme  à naître.

Aujourd’hui aucune digue internationale, à la fois juridique et pénale, n’a été bâtie. A la demande de l’Allemagne et de la France, le premier traité international sur le clonage devait être adopté à New York en novembre 2003. A l’issue d’un débat passionné, les diplomates de l’ONU, ont décidé de reporter l’examen du texte. Les Etats-Unis et le Vatican, rejoints par 50 autres Etats, entendent que soit prohibé le clonage  embryonnaire humain appelé clonage reproductif ou  thérapeutique, tandis que d’autres (la France et la Belgique), souhaitent que la criminalisation ne concerne que le clonage dit reproductif.

On assiste aujourd’hui à un inquiétant phénomène. Tout se passe comme si, nourris par les intérêts les plus divers, les pays sont entrés dans une quête de la connaissance. Tout comme il existe des paradis fiscaux, il existe des espaces au sein desquels on commence à effectuer des manipulations de cellules et d’embryons humains interdites par ailleurs.

« Voila qu’impuissant nous assistons aux prémices d’une nouvelle expérimentation menée sur l’espèce humaine alors même que rien, à commencer par des recherches sur les animaux, ne permet de le justifier » conclue Jean-Yves Nau.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 17/02/04

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Transhumanisme : Synchron intègre l’intelligence artificielle dans son interface cerveau-ordinateur
/ Transhumanisme

Transhumanisme : Synchron intègre l’intelligence artificielle dans son interface cerveau-ordinateur

Un Américain handicapé a commencé à utiliser une fonction d’intelligence artificielle pour l’aider à communiquer à une vitesse « conversationnelle » ...
Le dossier médical partagé devant le Conseil constitutionnel
/ E-santé

Le dossier médical partagé devant le Conseil constitutionnel

Après sa saisine par l'ordre des médecins, le Conseil d'Etat a soumis une QPC sur les modalités d'accès au dossier ...
Suicide assisté : les juges italiens doivent statuer « au cas par cas »
/ Fin de vie

Suicide assisté : les juges italiens doivent statuer « au cas par cas »

Selon la Cour constitutionnelle italienne, en l’absence de législation sur le suicide assisté, les juges devront se prononcer « au ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres