Homme – Femme : différence culturelle ?

Publié le 12 Sep, 2006

Se tient actuellement l’université européenne d’été, à Paris VII, sur les "approches de la différence sexuelle" et la question du "genre". De nombreux spécialistes internationaux se retrouvent pour confronter leur point de vue dans ce colloque, intitulé "Guerre et paix des sexes".
La question de la différenciation sexuelle est d’actualité alors que certains soutiennent que l’on peut s’affranchir du déterminisme biologique et décider de son identité d’homme ou de femme.

Les "gender studies" sont nées au début des années 70 en contestation de la conception naturelle de la différence des sexes. Ces études se sont développées en théorie, les gender theories, avec la mouvance féminisme et le militantisme homosexuel. Ainsi la notion de gender s’est opposée à la notion de sexe. Christine Delphy, théoricienne, militante féministe et l’une des premières chercheuses en France sur ce sujet, explique : "le genre, c’est ce que l’on pourrait appeler le sexe social, c’est-à-dire tout ce qui est social et culturel dans les différences constatées entre hommes et femmes".

Ces théories se fondent sur les philosophies matérialistes de la déconstruction où "tout est culturel, tout est construit" (Jacques Derrida, Michel Foucault). L’altérité, la différence des sexes, est alors considérée comme aliénante et doit être contestée et combattue. A ce titre, l’hétérosexualité est remise en cause, toutes les orientations sexuelles se valant. L’hétérosexualité ne serait qu’une période de l’histoire de l’humanité amenée à être dépassée. Ainsi, Judith Butler, professeur de littérature à Berkeley et figure de proue de la théorie du genre, appelle à apporter "du trouble dans le genre" (titre d’un de ses ouvrages) et à repenser l’organisation sociale selon d’autres modèles homosexuels ou transsexuels.

En présentant la version française du « Lexique des termes ambigus sur la famille et les questions éthiques » (cf. lettre Genethique n°67) qui consacre 35 pages à la théorie du genre, Tony Anatrella, expliquait "la théorie du genre provoquera davantage de dégâts que ceux occasionnés par l’idéologie marxiste". Certains s’inquiètent de l’influence de la théorie du genre sur les décisions des organismes internationaux comme à la conférence mondiale sur la famille de Pékin en 1995.

De nombreux scientifiques récusent la théorie des genres comme l’a rappelé l’anthropologue Françoise Héritier, professeur honoraire au Collège de France : "la différence des sexes – à la fois anatomique, physiologique et fonctionnelle – est à la base de la création de l’opposition fondamentale qui permet de penser". Jutta Burggraf explique que "les hommes et les femmes ressentent et réagissent différemment au monde qui les entoure, et cette réalité a un solide fondement dans leur constitution biologique propre".

>> Sur ce sujet, lire également "Vers un nouveau féminisme" – Lettre Genethique n°80

La Croix (Claire Lesegretain) 12/09/06

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