« 4 mois, 3 semaines, 2 jours », œuvre majeure et pédagogique ?

Publié le 10 Sep, 2007

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, répond aux critiques, « unanimement positives voire louangeuses », qui ont salué la sortie, le 29 août dernier, du film roumain auréolé d’une palme d’or cannoise.

Pour Jean-Marie Le Méné, « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » n’est ni une œuvre majeure du septième art, ni une œuvre pédagogique méritant le Prix de l’Éducation nationale pour être diffusé auprès des collégiens et lycéens français.

D’abord, « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » ne saurait être qualifié de bon et grand film sur l’avortement puisque le sujet même du film, c’est-à-dire l’avortement, « n’est pas traité du tout ». « Ce qui est traité, et sans doute bien traité, c’est l’interdiction et la répression de l’avortement par le régime communiste de Ceaucescu et les moyens de les contourner ». Aucun des personnages, à aucun moment des 113 minutes du film, ne se pose l’ombre d’une question morale alors même que l’avortement est une question essentiellement morale.

Ensuite, Jean-Marie Le Méné ajoute que « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » n’est pas un grand film parce que la conception de l’amitié qu’il met en scène est biaisée. Le rôle tenu par l’amie de la jeune fille qui veut se faire avorter est le rôle principal. Celle-ci accompagne son amie sans conditions et ne se pose jamais de question ni n’en pose à son amie sur la portée de son acte. « La pauvre, elle vivait complètement, elle aussi, dans l’illusion, se trompait et trompait son amie en l’aidant de la sorte. Quant à aller jusqu’au bout de ses actes, cela ne justifie rien, ou plutôt cela justifie tout ! »

 A la question de savoir si ce film est un bon outil pédagogique, Jean-Marie Le Méné répond « non » : pour qu’il le fût, « il aurait fallu que le film comporte intrinsèquement des éléments qui permettent au spectateur – en l’occurrence collégien ou lycéen – de se forger une opinion et donc de progresser dans sa réflexion ». Au contraire, la seule conclusion à laquelle le spectateur arrive est « qu’on a bien de la chance que ça ne se passe pas ainsi en France où l’avortement, sans être interdit ni banalisé, est seulement encadré » !

Jean-Marie Le Méné s’étonne ainsi de « l’absence totale de regard critique de la part de ceux dont on aurait pu, à bon droit, en attendre un » (la presse d’inspiration chrétienne) et dénonce « la tentation d’instrumentaliser ce film et de l’asservir à nos propres finalités ». « Il y aurait plus de pédagogie à souligner en quoi ce film est mauvais qu’à tenter un concordisme maladroit autour d’un malentendu absolu sur sa trame dramatique. Objectivement, le drame de l’avortement, c’est la suppression de la vie d’un être humain. Ici, le drame de l’avortement, c’est de savoir si les protagonistes vont enfin y arriver… » Et, « le fait que l’auteur (…) ne soit pas un farouche militant et que le film ne soit pas une apologie de l’avortement, ne suffit pas à en faire un bon film sur le sujet ».

« La vérité est que presque personne – y compris en milieu chrétien – ne rappelle publiquement la vérité sur l’avortement et ses conséquences. Et qu’il est plus facile de faire délivrer à un cinéaste roumain un prétendu message qu’on n’a pas le courage de proclamer soi-même. Le seul problème est que – sur le crime de l’avortement  – le cinéaste roumain n’a aucun message », conclut-il.

GènEthique – Liberté Politique 08/09/07

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