Dignitas personae

Publié le 3 Déc, 2008

20 ans après l’instruction Donum Vitae qui portait "sur la respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation", paraît aujourd’hui l’instruction Dignitas personae "sur certaines questions de bioéthique". Quatre années de travail ont été nécessaires à la Congrégation pour la doctrine de la foi pour élaborer ce document qui a pour but de répondre aux nouvelles questions posées par les avancées de la science (embryons hybrides, clonage, recherche sur les cellules souches, contraceptifs-abortifs…).

Dignitas personae réaffirme avant toute chose les grands principes comme la dignité de la personne de sa conception à sa mort naturelle et la condamnation de la séparation entre acte conjugal et procréation. Dans son éditorial, Dominique Quinio rappelle que c’est cette séparation qui a "engendré" les techniques d’assistance médicale à la procréation, la congélation d’embryons dits "surnuméraires", la sélection d’embryons par des diagnostic anténataux, l’élimination d’embryons porteurs d’un handicap, les recherches sur les cellules souches embryonnaires…

Afin que ce document soit bien compris et que "les condamnations très fermes de certaines techniques" (fécondation in vitro entre époux…) ne focalisent pas les critiques, sa sortie va être accompagnée d’une série d’articles qui seront publiés dans L’Osservatore Romano. Dignitas personae devrait aussi comporter une partie expliquant les fondements anthropologiques et théologiques de la position de l’Eglise. Dominique Quinio souligne qu’"il serait dommage que (…) ne soit pas mis en lumière ce qui devrait constituer le point focal du document : le respect de toute vie humaine", "et que reste incomprise la volonté constante exprimée par l’Eglise de protéger les plus faibles contre les risques d’abus de pouvoir de l’homme contre lui-même, qu’il s’agisse de guerres, d’injustices économiques, de blessures faites à l’environnement, ou… de recherches scientifiques".

Interviewé par La Croix, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, explique que Dignitas personae "vise à promouvoir et à défendre la dignité de la personne qui doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle" ; "la reconnaissance de sa dignité comme personne ne dépend ni d’une étape de son évolution ni de la présence (ou pas) d’un projet parental le concernant".
Tout en soulignant le positif de la recherche et en l’encourageant, Dignitas personae "met aussi en garde contre tout ce qui serait dans cette recherche refus d’ouverture à un questionnement éthique ou atteinte à la dignité de l’être humain".
Ce document est une "expression du magistère ordinaire de l’Eglise" et est proposé "aux fidèles et aux hommes de bonne volonté afin de les aider à prendre en compte et à creuser les questions éthiques qui surgissent dans ces domaines qui touchent profondément l’homme et son avenir". "Je ne vois pas comment des institutions médicales qui se veulent fidèles à la foi catholique pourraient ne pas se laisser questionner par ce texte", ajoute le cardinal. Il conclut en rappelant que ce document servira de point de repère pour la réflexion menée par la Conférences des évêques de France, à la veille de la révision de la loi de bioéthique.

Le quotidien annonce par ailleurs la journée de formation à la bioéthique organisée, samedi 13 décembre à Paris, par la Conférence des évêques de France ou interviendront près de 300 médecins, moralistes ou juristes invités par leurs évêques pour devenir "personnes-ressources" en vue des prochains Etats généraux de la bioéthique.

La Croix consacre en parallèle un article au centre de fertilité du groupe hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon (Paris), créé en 1987 et attaché aux diaconesses protestantes de Reuilly. Dans ce centre qui propose différents types d’assistance médicale à la procréation (exceptées les fécondations à partir de donneurs extérieurs au couple), "l’éthique se vit dans le respect de la loi et la réflexion en équipe". "La loi encadre nos pratiques de manière précise", explique le Dr Lionel Larue, chef de service du centre de fertilité. Ainsi, un "changement d’éthique" n’est-il pas exclu…

La Croix (Dominique Quinio, Michel Kubler, Isabelle de Gaulmyn, Elodie Maurot, Marianne Gomez) 12/12/08

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