Suisse : vers une autorisation du DPI ?

Publié le 8 Déc, 2005

En juin dernier, la Commission nationale d’éthique suisse (CNE) avait fait savoir à la Commission de la science, de l’éducation et de la culture qu’il existait à son avis «des motifs d’ordre éthique suffisamment importants pour lever l’interdiction du diagnostic préimplantatoire (DPI)».

Alors que le Conseil des États doit débattre de cette question la semaine prochaine, la CNE vient de rendre ses recommandations sur la réglementation du diagnostic préimplantatoire (DPI). Actuellement, il est interdit en Suisse et punissable d’une peine de trois ans de prison au maximum, en vertu de la loi fédérale sur la procréation médicalement assistée (LPMA) en vigueur depuis 2001.

La majorité de la Commission suggère de lever l’interdiction totale du DPI au profit d’une autorisation limitée. La CNE a voulu mettre fin « à des injustices et à des incohérences ». La Commission explique qu’un couple présentant un risque génétique ne peut pas recourir à la fécondation in vitro et au diagnostic de l’embryon avant son implantation dans l’utérus mais peut interrompre une grossesse à la suite d’un diagnostic prénatal (DPN). Elle estime «que le fait de laisser mourir un embryon dans les premiers jours qui suivent la fécondation […] revient à le traiter avec bien plus d’égards que d’attendre le troisième ou le quatrième mois de la grossesse, alors qu’il est déjà un fœtus bien développé, pour mettre un terme à son existence».

La Commission préconise donc d’autoriser le DPI aux couples qui présentent des risques génétiques connus et à ceux qui recourent à une fécondation in vitro. Dans ce dernier cas, la CNE constate que de nombreuses candidates à la FIV ont atteint un âge où le risque élevé de malformations chromosomiques justifie le recours à un diagnostic prénatal. De ce fait, la CNE préconise un diagnostic préalable de l’embryon avant son implantation.

La pratique du « bébé médicament », par extension du DPI, sera interdite. Rappelons, qu’il s’agit par fécondation in vitro de sélectionner un embryon, dont le système immunitaire est compatible avec celui d’un frère ou d’une sœur malade, afin de prélever sur lui à la naissance les tissus ou cellules nécessaires pour guérir l’aîné.

Carola Meier-Seethale, philosophe, psychothérapeute et membre de la commission, ne souhaite pas lever l’interdiction du DPI par « crainte de favoriser le fantasme d’une humanité parfaite et, partant, la discrimination des porteurs de handicaps plus ou moins graves ».

Lire l’avis du CNE sur le diagnostic préimplantatoire.

Le Temps (Sylvie Arsever) 07/12/05

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