Avortement et prise en charge psychologique

Publié le 4 Mar, 2008

Le Figaro consacre aujourd’hui un article sur les traumatismes à retardement de l’avortement et remarque que les femmes sont de plus en plus nombreuses à rechercher un accompagnement psychologique après une Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Le Dr Tauss, psychiatre en exercice depuis 20 ans, explique : "si à un moment de leur existence les femmes choisissent en toute conscience d’avorter, très souvent la détresse surgit bien après, comme une bombe à retardement." Elle remarque que 30 à 50 % de ses patientes qui ont "refoulé ce vécu" sont tôt ou tard rattrapées par cette épreuve "avec une grande violence." Or, si près de 40% des femmes en France ont avorté, selon les chiffres de l’INED, certains commencent à s’inquiéter de l’absence de prise en charge organisée au niveau national. Si l’on considère le nombre de femmes concernées et le nombre de femmes "devenues dépressives" c’est même une "affaire de santé publique que de mettre en place des lieux d’écoute", estime le Dr Tauss.

Pour Maïté Albagly du Planning familial, si les femmes gardent des séquelles psychologiques de leur avortement, "c’est parce que la société les culpabilise", ajoutant qu’"il y a autant de femmes qui vivent mal leur grossesse que leur IVG."

Mais ce n’est pas l’expérience de Rachel. Athée convaincue, sans soutien de son compagnon d’alors qui ne voulait pas de l’enfant, elle ne s’est pas "posé de questions."  C’est après que "tout lui est revenu dans la figure", avec une violence inattendue. Solitude extrême malgré sa famille qui l’entourait… "A chaque date anniversaire de l’avortement j’étais dans un état lamentable". "J’ai arrêté de vivre pendant quatre ans." Elle a cherché une aide psychologique, mais elle s’est heurtée à beaucoup d’indifférence. Son premier réflexe a été de se retourner vers le Planning familial à Paris, qui l’a envoyée vers un service de psychiatrie où finalement on ne l’a pas accompagnée. "Autant d’indifférence m’a profondément choquée", confie-t-elle. C’est finalement l’association Agapa, créé il y a quelques années comme lieu d’écoute, qui l’a aidée à s’en sortir. Après plus de 15 entretiens avec les bénévoles d’accompagnement et d’écoute, elle se surprend à "revivre". "Ils ne m’ont jamais dit qu’ils allaient me faire oublier cet épisode de ma vie mais m’aider à vivre plus sereinement au quotidien, et ça c’est un incroyable cadeau." Les accompagnements faits par cette association ont augmenté de 20% entre 2006 et 2007. Les femmes peuvent venir chercher une aide psychologique très longtemps après leur avortement, dix, vingt ou même soixante ans après… Et ici "tous les profils viennent nous voir, de tous âges, origines, confessions religieuses et milieux sociaux", précise une des plus anciennes bénévoles, Claudine Philippot. Aujourd’hui plusieurs antennes de l’association s’ouvrent en province.

Le Figaro (Delphine de Mallevoüe) 04/03/08

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