Des cellules souches multipotentes dans le tissus adipeux

Publié le 3 Mai, 2005

Les équipes de Christian Dani, chercheur à l’Inserm et directeur du laboratoire «Cellules Souches et différenciation» et Gérard Ailhaud, UMR 6543 CNRS (Institut de signalisation, biologie du développement et cancer) ont réussi à obtenir, à partir de tissus adipeux (graisse) de jeunes donneurs, des cellules souches capables de donner naissance à des cellules cardiaques, vasculaires, osseuses, musculaires… Ces travaux sont publiés dans le Journal of Experimental Medicine du 2 mai 2005*.

Les tissus adipeux représentent environ 10% du poids d’un individu sain et jusqu’à 50% chez un obèse. Leur prélèvement ne présente aucun problème éthique puisque les cellules utilisées sont issues de déchets opératoires de type liposuccion.

Auparavant, l’‘équipe CNRS-Inserm de Louis Casteilla avait démontré qu’il était possible d’obtenir, in vitro, des cellules cardiaques à partir de cellules adipeuses (cf. revues de presse des 25/02/05 et 10/02/04). Parallèlement, les équipes Inserm de Bernard Lévy en collaboration avec l’équipe de Louis Casteilla et l’équipe de Anne Bouloumié montraient que ces mêmes cellules pouvaient chez la souris se transformer en cellules constituant les vaisseaux sanguins.

Cette fois, les travaux de C. Dani et G. Ailhaud ont conduit à identifier dans les tissus adipeux des cellules souches multipotentes dénommées hMADS («Human Multipotent Adipose Derived Stem Cell»). Celles-ci sont plus immatures, donc de potentiel plus grand que les cellules obtenues précédemment par les autres équipes. Les travaux montrent qu’une même cellule souche hMADS est capable in vitro de donner naissance à une cellule musculaire, osseuse, adipeuse ou de cartilage, en fonction de son environnement. Une fois isolées puis mises en culture, ces cellules souches ont présenté une forte capacité de prolifération, des chromosomes normaux et une absence de caractère tumorigène.

Les chercheurs ont injecté ces cellules chez des souris "mdx", modèles de myopathie de Duchenne (maladie héréditaire grave se traduisant par une atrophie progressive de tous les muscles). Les cellules hMADS n’ont pas été rejetées en l’absence de traitement immunosuppresseur et ont conduit à une expression importante et à long terme de dystrophine humaine, protéine nécessaire à l’intégrité de la fibre musculaire. Selon le Pr Gérard Ailhaud, « ces résultats prometteurs ouvrent des perspectives d’allotransplantation de telles cellules chez des patients atteints de maladies musculaires. » Ces travaux ont donné lieu au dépôt d’un brevet international.

Ces cellules souches multipotentes ouvrent donc des perspectives intéressantes dans la réparation de nombreux tissus et dans le traitement de pathologies musculaires

* « Transplantation of a multipotent cell population from human adipose tissue induces dystrophin expression in the immunocompetent mdx mouse », Anne-Marie Rodriguez, Didier Pisani, Claude A.Dechesne, Claude Turc-Carel, Jean-Yves Kurzenne, Brigitte Wdziekonski, Albert Villageois, Claude Bagnis, Jean-Philippe Breittmayer, Hervé Groux, Gerard Ailhaud&Christian Dani, Journal of Experimental Medicine 2 mai 2005.

‘- Le Quotidien du Médecin (Dr Isabelle Catala) 04/05/05 – La Croix 10/05/05

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