La médiatisation de l’affaire Sébire

Publié le 25 Mar, 2008

L‘ex-époux de Chantal Sébire et père de Mathilde, leur fille de 12 ans, a adressé un communiqué à la presse pour défendre l’image de sa fille : "je n’accepte pas que l’image de notre fille soit utilisée dans le cadre de cette campagne médiatique à l’occasion de laquelle la souffrance d’une femme a été instrumentalisée à des fins politiques".

Il demande aux journalistes de retirer les photos de Mathilde et indique qu’il a chargé un avocat "d’engager toute poursuite à l’encontre de ceux qui feraient usage de l’image de ma fille et porteraient atteinte à sa vie privée et familiale ou qui utiliseraient sa douleur d’enfant, pour  promouvoir l’idéologie d’associations militantes".

Par ailleurs, samedi soir, les enfants de Chantal Sébire ont demandé aux médias de respecter le deuil après la mort de leur mère dans une lettre lue par un journaliste, dans l’émission "Revu et corrigé" : "nous, les enfants de Madame Chantal Sébire, n’avons réalisé aucune déclaration depuis le décès de notre maman sous quelque forme que ce soit. Par conséquent, nous déclarons aujourd’hui que tout commentaire, article, information et reportage diffusés depuis le 19 mars 2008 au soir l’ont été sans notre accord." Ils ont demandé "à l’ensemble des médias de (les) laisser faire (leur) deuil dans la paix, la dignité et l’intimité". "Nous ne souhaitons pas nous exprimer davantage, nous ne souhaitons pas être dérangés, non plus" concluent-ils.

En effet, cette affaire a été fortement médiatisée et l’on a pu réaliser à cette occasion l’énorme pouvoir d’influence exercé par la télévision dans le débat sur "l’exception d’euthanasie". Remarquons que les opposants à une évolution de la législation n’ont jamais pu faire valoir leur argument. Au contraire, la plupart des émissions diffusées étaient largement favorables au prétendu "droit à mourir dans la dignité" et entretenaient la confusion entre "indignité" humaine et dégradation physique ou entre "l’aide à mourir" et le suicide assisté.

Plusieurs reportages consacrés à Chantal Sébire semblaient s’ingénier à forcer le jugement du public : des gros plans sur la main du médecin qui tenait la main décharnée de Chantal Sébire ou des commentaires sur la nécessité "d’accompagner la malade par un geste d’amour" pour faire comprendre qu’il fallait lui donner la mort.  Enfin, l’avocat de Chantal Sébire, Me Antonowicz, vice-président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) n’était jamais présenté comme un militant de la cause de l’euthanasie alors qu’il l’est.

Pour le journaliste Pierre-Yves Le Priol du quotidien La Croix "c’est vers une forme subtile de manipulation que la machine télévisuelle se sera laissé entraîner, ces derniers jours".

Enfin, dans le journal Le Monde, on apprend que c’est l’ADMD, qui transmettait chaque jour à Chantal Sébire les demandes d’interviews. A la fin, explique Jean-Luc Romero, son président :  "Chantal devenait paradoxale, elle nous disait un jour qu’elle ne voulait plus d’interview […], et le lendemain, on se rendait compte dans la presse qu’elle en accordait encore".

‘- La Croix (Pierre-Yves Le Priol – Marine Lamoureux) – 25/03/08 – Le Monde (Cécile Prieur) 22/03/08

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