Dans une interview dans le journal La Croix, Xavier Vignon, Docteur en biologie cellulaire et chargé de recherches en biologie du développement à l’Inra, revient sur les arguments scientifiques qui mettent en cause l’efficacité du clonage. Les seules expériences actuelles sont celles qui ont porté sur les animaux. Or la fréquence des échecs est extrêmement élevée, et se traduit principalement par une forte mortalité périnatale précoce. Par ailleurs, les animaux qui sont arrivés à terme présentent très souvent des malformations cardiaques, respiratoires ou rénales sans que les scientifiques établissent le lien entre ces anomalies et d’éventuels défauts dans la cellule ou la technique utilisée. Dolly, la première brebis clonée a nécessité 276 tentatives avant d’obtenir un spécimen. Le taux de réussite du clonage varie entre 1 et 4%, taux, qui reste encore inexpliqué. Il serait dû au fait que le transfert du noyau d’une cellule quelconque à la place du noyau d’un ovule d’un autre individu reste très délicat. La reprogrammation de ce noyau serait aléatoire et pas forcément complète. Par ailleurs, Dolly présente des signes de vieillissement précoce : son âge biologique est similaire à celui de sa mère. Chez l’homme il faudrait beaucoup d’essais avant de parvenir à une naissance. Cela ne manquerait pas d’entraîner de nombreux problèmes : le don d’ovocytes évalués à une centaine, ainsi que le même nombre de mères porteuses volontaires ; les conséquences d’un avortement dû aux nombreux échecs et la perte d ‘un enfant de façon précoce ; enfin, la nécessité d’une césarienne, seule méthode jusqu’alors utilisée pour la naissance d’un clone. Pour toutes ces raisons, Xavier Vignon estime « qu’il ne serait pas honnête de proposer un clonage humain à un couple stérile en l’état actuel des connaissances ».
La Croix 09/08/01