De l’eugénisme

Publié le 16 Oct, 2008

Dans Le Figaro, Martine Perez se réjouit franchement de l’arrivée (encore incertaine, NDLR) de tests permettant le dépistage in utero de la trisomie 21 par une simple prise de sang (cf. article ci-après). "Excellente nouvelle", cette simplification du dépistage "évitera chaque année des centaines de fausses couches" (1% des amniocentèses se solde par une fausse couche) et "réduira le nombre d’enfants atteints de mongolisme".

La journaliste invite quand même le lecteur à réfléchir aux "éventuels effets pervers" de ce "progrès". "Demain, lorsque, avec une simple prise de sang maternel, il sera peut-être possible d’établir toute la cartographie génétique du bébé à venir, la tentation de faire naître l’enfant parfait sera plus forte que jamais", prévient-elle. Déjà, aux Etats-Unis, certaines cliniques proposent de recourir, dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV), au dépistage préimplantatoire (DPI) afin de sélectionner les embryons exempts des gènes du cancer du sein, du côlon ou de la maladie d’Alzheimer.

Martine Perez tempère toutefois ses propos en affirmant que si l’on diagnostique aujourd’hui 70% des malformations fœtales avant la naissance (contre 16% il y a 25 ans), le recours à l’avortement pour raison médicale n’aurait pas, selon elle, augmenté dans les mêmes proportions. Et puis, ajoute-t-elle "il est illusoire de croire que l’on pourra grâce à la génétique s’offrir un enfant parfait : l’expression des gènes de prédisposition aux cancers, au diabète, à Alzheimer, à l’alcoolisme… dépend pour une large part de l’environnement".

Mais, "la tentation de l’eugénisme sur la base de critères génétiques – attisée par des firmes désireuses d’inonder le marché de tests de dépistage – ne doit pas être négligée, même s’il est clair qu’un individu est très loin de se résumer à son seul patrimoine génétique". Cette possibilité de "mieux" dépister les enfants trisomiques "pourrait contribuer à réduire un peu plus encore la tolérance de la société vis-à-vis des handicapés". 

"Il y a des familles qui choisissent d’élever avec amour leurs enfants trisomiques. Il y a des éducateurs qui consacrent beaucoup d’énergie à la socialisation de ces personnes. Il y a des chercheurs qui œuvrent à la mise au point de traitements destinés à la trisomie. Il y a des associations qui se battent pour avoir plus de moyens à leur offrir. Malgré les avancées du dépistage, leur rôle dans la lutte contre l’eugénisme et pour la tolérance, quoiqu’en disent certains, reste exemplaire", conclut Martine Perez.

Le Figaro (Martine Perez) 17/10/08

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