Des médecins prennent leurs distances avec le débat sur l’euthanasie

Publié le 5 Sep, 2011

A l’occasion de la polémique provoquée par les agissements du Dr Bonnemaison, des praticiens hospitaliers témoignent de leur manière d’aborder la fin de vie et prennent leurs distances avec le débat sur l’euthanasie qu’ils jugent trop tranché et superficiel.

"Des patients bien pris en charge qui demandent à en finir, c’est exceptionnel, constate le Dr Bernard Devalois, chef du service de l’unité de soins palliatifs de Pontoise et auteur de l’essai Peut-on vraiment choisir sa mort ? En 20 ans, cela m’est arrivé 2 ou 3 fois." "La tonalité de leurs humeurs [Ndlr : des patients] dépend en grande partie de la qualité des soins et de leur entourage", décrit de son côté le Dr Gilbert Desfosses, chef de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital des Diaconesses à Paris, qui tient à rappeler que son métier est de soigner.

Ils soulignent que ce sont surtout les proches, voire les médecins, qui voient dans l’euthanasie une solution à la fin de vie : "Ce sont surtout les familles qui demandent à voir la vie d’un proche abrégée, relève le Dr Bernard Devalois. Les parents du patient veulent accélérer la mort pour éviter l’agonie, qu’elles imaginent souvent à tort comme un moment de souffrance. Ils sont pris dans une tempête émotionnelle : effondrés de voir quelqu’un qu’ils aiment les quitter et désireux de le voir partir vite. A nous de les déculpabiliser et de les aider à accompagner leur proche." Le médecin reconnaît également : "Beaucoup d’agonies ne sont pas encore prises en charge correctement en France. Il faut poser le problème de la toute-puissance médicale. Certains médecins ont du mal à accepter de voir leur patient mourir. Confrontés à leur impuissance, ils peuvent choisir de faire disparaître rapidement le patient pour éliminer le sentiment de frustration. D’autres, à l’inverse, pratiqueront l’acharnement thérapeutique".

Le Dr Edouard Ferrand, anesthésiste réanimateur, responsable de l’unité de soins de support de l’hôpital Foch de Suresnes et chercheur en éthique médicale, estime que les demandes réfléchies d’euthanasies sont pourtant assez nombreuses pour qu’on en parle. Selon lui, la réflexion collégiale sur l’arrêt des traitements, préconisée par la loi Leonetti pour éviter l’acharnement thérapeutique, intervient parfois trop tard : "Les médecins ont l’initiative de cette discussion alors que les infirmières sont en première ligne pour voir les situations limites. Du coup, la réflexion palliative arrive parfois quand on est déjà dans de l’acharnement thérapeutique".

Le Figaro (Agnès Leclair) 05/09/11

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