Recherche sur l’embryon humain: des députés dénoncent l’absence de débat

Publié le 20 Mar, 2013

 Alors que la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a adopté hier, mercredi 20 mars, la proposition de loi autorisant la recherche sur l’embryon humaine et les cellules souches embryonnaires, “plusieurs députés UMP ont mis en exergue les enjeux d’un texte qu’ils jugent ‘inquiétant’, regrettant aussi le manque de temps accordé au débat“. 

 

L’autorisation de la recherche sur l’embryon humain “est plébiscité par plusieurs scientifiques comme le Pr Philippe Menasché, directeur de l’unité de thérapie cellulaire en pathologie cardiovasculaire de l’hôpital George Pompidou, Marc Peschanski, directeur scientifique d’I-Stem (Evry), ou encore le gynécologue-obstétricien rené Frydman“. Pour ces scientifiques, “le régime actuel d’interdiction avec dérogation est mal compris à l’étranger et représente un frein  à l’innovation thérapeutique“. 

 

Or,  “à ce jour, aucun nouveau rapport parlementaire, aucun avis récent du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ou encore aucun débat citoyen ne sont disponibles pour éclairer les Français ou même les élus sur ce sujet complexe“.
Ainsi, certains élus “dénoncent un examen législatif mené ‘en catimini’ “. Le risque est de voir attribuer à l’embryon ” ‘un statut infra-humain’ le rendant ‘disponible pour la recherche de l’industrie pharmaceutique’ “. Outre l’absence de saisine du CCNE sur ce sujet, ils soulignent que “certaines auditions en commission ont eu lieu pendant les vacances scolaires” et dénoncent un temps d’examen du texte en séance publique “largement insuffisant, quatre heures au mieux“.  Mais “au delà de l’aspect politique, ce sont des arguments scientifiques et juridiques que Philippe Gosselin souhaite faire entendre , en invitant le Pr Alain Privat, neurobiologiste et ancien directeur de recherche à l’INSERM, et Bertrand Mathieu, professeur de droit constitutionnel à la Sorbonne”

 

Pour le Pr Alain Privat, “il n’y a plus de justification médicale et scientifique à l’utilisation d’embryons humaines“. Il poursuit en précisant que “chaque année, une vingtaine de dérogations sont accordées par l’Agence de biomédecine” et que “ces recherches pourraient aussi être pratiquées sur des primates, mais cela a un coût“. Enfin, “les recherches sur les cellules souches, utilisant des cellules iPS élaborées grâce au travaux du Pr Yamanaka , prix nobel de médecine en 2012, seraient plus intéressantes que les cellules embryonnaires“. Cependant précise-t-il, “les cellules iPS coûtent cher”. Confirmant cet argument, le député Philippe Gosselin mentionne que “lever l’interdit de recherche sur l’embryon est donc une source de profit considérable pour certains laboratoire“. Ainsi, “avec les cellules embryonnaires, l’industrie pharmaceutique souhaite aller au plus rapide, mais cette loi conduirait à l’abandon des principes humanistes“. Le neurobiologiste voit donc, par cette autorisation de recherche, “la porte ouverte à ‘des embryons médicaments’, à l’eugénisme, et au clonage thérapeutique et reproductif“. 

Pour le juriste Bertrand Mathieu, “le vote du texte impliquerait ‘une rupture avec le principe de dignité’ qui est le fondement de la législation française‘ “. Aujourd’hui, précise-t-il, “la protection de l’embryon ce justifie au nom de ce principe, on ne peut donc le réifier en le considérant comme un simple matériau de laboratoire”. Rejoignant le Pr Alain privat, il s’interroge: si l’interdiction est levée, “et que l’on fait passer la dignité au second plan, ‘comment s’opposer [alors] à d’autres évolutions comme le clonage thérapeutique, voire le clonage reproductif?”. Ce serait, par conséquent, “tout le système de protection de l’embryon qui s’effondrerait“. 

 Le Quotidien du médecin.fr (Coline garré) 20/03/2013 – La Croix (Marine Lamoureux) 21/03/2013 – Le Figaro (Martine Perez) 21/03/2013 – AFP 20/03/2013

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