Pratiques douteuses sur les essais cliniques en Inde et en Chine

Publié le 11 Déc, 2013
 Deux tiers des essais cliniques des médicaments commercialisés en Europe sont effectués hors du Vieux Continent, comme en Inde ou en Chine. Les pratiques se révèlent être mal encadrées. En cause : des tests réalisés à l’insu des individus concernés, des falsifications de résultats, des erreurs d’analyse, etc.
 
En Inde, des scandales ont conduit la Cour suprême à suspendre “toute autorisation d’essais cliniques en attendant que le gouvernement mette en place de nouvelles régulations encadrant ces pratiques”. Cette décision survient après des révélations inquiétantes. Début 2013, “des rescapés de la catastrophe industrielle de Bhopal ont appris qu’ils avaient participé à des essais cliniques : l’hôpital construit pour offrir des soins gratuits aux victimes de l’explosion […] aurait mené des études cliniques sur des patients atteints de cancer entre 2000 et 2011 sans les prévenir ni les rémunérer”. Par ailleurs, deux vaccins contre le col de l’utérus, Gardasil (Merck & Co) et Cervarix (GlaxoSmithKline), “auraient été testés sur des jeunes aborigènes par l’ONG américaine Path, sans l’accord de leurs parents”. Officiellement, 80 morts ont été recensées lors d’essais cliniques par les autorités entre 2005 et 2012.
 
Le gouvernement devrait améliorer la réglementation dans quatre domaines : 1/l’enregistrement filmé des accords des patients, 2/la révision des dédommagements, 3/la poursuite pénale lorsque qu’une erreur est imputable au médecin, 4/la restriction des structures pouvant effectuer des essais cliniques aux seuls hôpitaux publics ou centres agréés par des comités d’experts indépendants. Mais pour Sourirajan Srinivasan, directeur de l’ONG Locost, “ces nouvelles règles ne suffiront pas”. Il indique qu’ “à l’heure actuelle, 10 % à 15 % [de ceux qui encadrent les essais cliniques] ont réellement les compétences nécessaires”. 
 
En Chine, plusieurs dérives du milieu médical sont aussi observées. L’ autorité sanitaire américaine, la FDA, a retardé la commercialisation du nouvel anticoagulant, Eliquis (Bristol-Myers), après avoir relevé courant 2012 “des manipulations dans les formulaires, des prescriptions non respectées, des effets secondaires non signalés”. En juin de la même année, le laboratoire GlaxoSmithKline a licencié son directeur R&D, suite à une “présentation erronée” des données d’une étude publiée en 2010 sur la sclérose en plaques. Il semble que ces dérives résultent du “manque de financements publics des hôpitaux”, source de dysfonctionnements majeurs.

 Le Monde (Julien Bouissou, Harold Thibaut) 11.12.13

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