Dans une tribune publiée aujourd’hui dans le Figaro, Jean Clair, historien de l’art et membre de l’Académie française, s’oppose aux accusations « d’obscénité » dont la vidéo de Vincent Lambert, mise en ligne la semaine dernière, fait l’objet (cf. Synthèse Gènéthique du 10 juin 2015).
« Rares sont ceux qui ont pu voir (ces images) sans être bouleversés de découvrir ce qu’on n’avait pas jusque-là voulu révéler : un visage, un visage vivant » écrit-il. Ce que montre la vidéo n’est pas obscène, elle n’exhibe pas « ce qui ne devrait jamais être vu » : elle montre que « la vie est là ».
« On peut aujourd’hui, au nom de ‘l’Art’, exposer place Vendôme un phallus géant ou dans les jardins de Versailles un vagin dit de la Reine sans provoquer grande émotion. Mais diffuser le visage d’un malheureux est devenu chose obscène », déplore l’académicien.
« D’un visage vivant on a fait un fantôme », relève Jean Clair qui rappelle que les images du visage de Vincent Lambert « ont été floutées » lorsqu’elles ont été retransmises à la télévision.
« Vincent Lambert est aujourd’hui prisonnier, non seulement de l’état ‘pauci-relationnel’ dont il est la victime, mais (…) aussi de l’aveuglement et de la surdité de ceux qui ne veulent rien voir ni rien entendre ».
« L’homme n’est pas en fin de vie » affirme Jean Clair. Il ajoute que « nourrir l’affamé et abreuver l’assoiffé » ne saurait être considéré comme « un soin médical ». Il s’agit d’un « simple soin quotidien, qu’on doit au dernier des hommes » (cf. Gènéthique Vous Informe du 4 mai 2015).
S’interrogeant sur la fin de vie, sur l’eugénisme, sur l’« exaltation véhémente pour la piqure létale », sur la GPA et sur l’avortement généralisé, Jean Clair analyse un monde « qui ne supporte plus l’image des ratés, des souffrants, des incurables, tous ces entre-deux qui nous renvoient le reflet insupportable de notre condition, alors qu’ils nous mettent sous les yeux l’énigme de la vie ».
Le Figaro(Jean Clair), 16/06/2015
