Belgique : « Légaliser l’euthanasie provoque de graves dérives »

Publié le 30 Juin, 2015

Laura, 24 ans, en « parfaite santé physique », souffre de « pensées suicidaires ». Sa demande d’euthanasie a été « validée par des médecins belges ». La loi belge autorise en effet l’euthanasie pour des personnes présentant « des souffrances physiques, ou psychiques inapaisables ou insupportables », même si elles ne sont pas en fin de vie.

 

Carine Brochier, de l’Institut Européen de Bioéthique et Béatrice Stella de l’Union des Familles en Europe réagissent avec prudence à une histoire qu’elles ne connaissent qu’au travers de la presse, et elles étendent leur réflexion à une vision plus générale sur les distorsions de la loi belge.

 

Pour Carine Brochier, puisque l’« euthanasie est entrée dans les mœurs, on en vient à trouver normal d’aider une personne à se suicider au lieu de l’accompagner, ce qui est une défaite de la psychiatrie belge à mon sens ». Depuis la loi de 2002, « nous n’avons pas arrêté d’être flexibles avec cette loi : on appelle ça la pente glissante », regrette-t-elle.

 

Aujourd’hui ont lieu en Belgique des « euthanasies à la demande, non déclarées », mais aussi des « décisions d’euthanasie par les médecins en l’absence de consentement réel des personnes ». « Les soi-disant contrôle diligentés par l’Etat belge pour éviter les abus ont prouvé leur parfaite inefficacité. Derrière ce laxisme, on identifie sans peine une approbation complète et sans nuance de la nécessité de mettre fin aux jours des personnes faibles, handicapées, improductives, sans beaucoup d’état d’âme et sous couvert de ‘les soulager’ », dénonce Béatrice Stella.

 

Elle analyse l’évolution depuis 2002 : « Nous sommes là typiquement dans l’utopie qui préside souvent à ce type de loi : on dit ‘c’est encadré’ et tout va bien. Mais on ne peut pas encadrer grand-chose, quels que soient les mots précis utilisés ».

 

Pour Carine Brochier, « l’euthanasie et le suicide, c’est la même chose, pourtant on est choqué par le suicide et pas par l’euthanasie, mais c’est pareil. » Elle estime que « cela vaut la peine de se battre contre la souffrance. Il est toujours possible de découvrir un traitement pour soulager, voire guérir d’une maladie, même psychique. L’euthanasie est inadmissible pour notre société ».

 

Concernant cette jeune femme de 24 ans, Béatrice Stella s’indigne : « On a les plus grands doutes à se dire qu’un psychiatre a ainsi ‘jeté l’éponge’, lui dont toute la vie professionnelle est axée sur le soulagement des souffrances psychiques » et elle s’interroge : « Si un suicide peut être donné sur ordonnance, ou va-t-on ? Quels personnels de « santé » seront chargés de cela ? Quel sens pourrait encore avoir une obligation légale d’assistance à personne en danger » ?

 

 

Atlantico (30/06/2015)

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