Greffe d’utérus : Un enfant à quel prix ?

Publié le 19 Avr, 2016

En choisissant une greffe d’utérus, les femmes se préparent à endurer de multiples opérations invasives, à mener une grossesse à haut risque, et à se plier à un traitement immunosuppresseur contraignant, « dans l’objectif d’avoir un enfant qui leur est lié génétiquement ». Ne doit-on pas réfléchir avant d’aller plus loin dans l’acceptation des greffes qui ne sauvent pas des vies, mais qui ont pour but d’ « améliorer la qualité de vie » ?

 

Avec une greffe d’utérus, la femme se met en danger, à plusieurs reprises et pendant toute la grossesse. La greffe initiale prend des heures et les périodes prolongées sous anesthésie comportent des risques. Les médicaments immunosuppresseurs pour prévenir le rejet comportent également des risques pour la santé de la femme et de l’enfant. Si le corps de la femme receveuse ne rejette pas l’utérus donné, elle aura alors la possibilité de mener jusqu’au plus deux grossesses.

 

Ce sont des grossesses qui seront suivis de près avec un risque de rejet continu tout au long de la grossesse, et une césarienne, qui comporte aussi des risques propres[1]. Enfin, elle subira une nouvelle opération pour que l’utérus donné lui soit retiré. Au total, quatre potentielles grandes opérations, qui demanderont un temps non négligeable de récupération.

 

Le Docteur Natasha Hammond-Browning professeur de droit à Southampton, s’interroge : prendre tous ces risques améliore-t-il vraiment la qualité de vie des femmes ? Les femmes sont-elles bien informées avant de s’engager dans les essais cliniques de transplantation d’utérus ? En outre, contrairement à une greffe de visage ou de main, les greffes d’utérus sont « une amélioration éphémère », et elles impliquent une autre vie.

 

Les greffes d’utérus sont de nature différente des greffes qui ont été approuvées jusqu’à maintenant. Le résultat est incertain, les effets secondaires à long terme sont coûteux. Ne devrait-on pas ouvrir le débat avant de faire participer davantage de femmes à des essais cliniques ?

 

[1] Les nerfs de l’utérus greffés ne sont pas reliés au corps de la receveuse, seule la connexion sanguine est établie, entraînant un « manque de sensations ».

 

Bionews (18/04/2016)

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