Insémination artificielle post-mortem : L’opposition persiste chez les professionnels de santé

Publié le 19 Juil, 2016

Le 31 mai dernier, le Conseil d’Etat autorisait Mariana Gonzalez-Gomez (de nationalité espagnole) à utiliser les paillettes de sperme, conservées en France, de son défunt mari, afin de réaliser une insémination post-mortem, en Espagne. Une décision inédite, prise à rebours de la jurisprudence jusqu’alors établie par le Conseil d’Etat français (cf. Insémination artificielle post-mortem : le Conseil d’Etat français accède à la demande d’une veuve espagole, Insémination post-mortem : « le juge devient roi » et Insémination post-mortem : la dérive de la décision du Conseil d’état).

 

Un sondage réalisé sur le site du Journal International de Médecine révèle que 53 % des professionnels de santé (sur 488 participants) sont défavorables à l’autorisation de l’insémination artificielle post-mortem, « même en cas d’accord du père »[1]. Ils estiment que « l’accord du père ne fait pas la différence ». Cette opposition persistante pourrait également s’étendre aux « transferts d’embryons post-mortem, face auxquels les experts médicaux sont plus partagés ». 

 

Ce dernier jugement et les résultats du sondage montrent que le sujet relève d’une « complexité juridique » fragilisée par les différentes législatives européennes. Les raisons du refus de l’insémination artificielle post-mortem sont multiples (cf. Insémination post-mortem : peut-on revendiquer un « droit d’être parent biologique » ?) :

  • Refus de priver de façon délibérée l’enfant d’un père,
  • Risque de voir l’enfant investi du rôle de remplacer le disparu,
  • Difficulté d’écarter toute influence dans la décision de la femme (…) et impact sur l’établissement de la filiation.

 

De plus, Adeline Le Gouvello, avocate, estime que, sur le fondement de l’article 7 de la CEDH qui garantit à l’enfant le droit de connaître ses parents, « les personnes nées après une insémination artificielle post-mortem pourraient se retourner contre les Etats ayant autorisé de telles pratiques les ayant privé de père ».

 

 

[1] 42 % des personnes interrogées se disent favorable à une telle évolution.

JIM (Aurélie Haroche) 19/07/16

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Suisse : un tribunal rejette le recours du père d’un fœtus avorté
/ IVG-IMG

Suisse : un tribunal rejette le recours du père d’un fœtus avorté

Selon le tribunal fédéral, le père d'un fœtus avorté n’est pas titulaire « du bien juridiquement protégé qui est la vie ...
blood-1813410_1920
/ Génome

Hémophilie A : des résultats positifs de la thérapie génique Pfizer en phase III

Mercredi, l’entreprise Pfizer a annoncé que sa thérapie génique l’hémophilie A, a été « couronnée de succès » lors d'un ...
Changement de genre chez les mineurs : la WPATH « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »
/ Genre

Changement de genre chez les mineurs : la WPATH « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »

La WPATH a recommandé la prescription de « bloqueurs de puberté » et d’hormones du sexe opposé, sans attendre les conclusions ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres