La start-up eGenesis a réuni 38 millions de dollars pour financer des essais de modification de l’ADN de porcs ; l’objectif est d’en faire des réservoirs d’organes pour des transplantations humaines. Les chercheurs utiliseront la technique d’édition du génome CRISPR pour introduire des modifications génétiques dans les cellules porcines, afin de rendre compatibles leurs organes avec le corps humain.
eGenesis est une initiative du généticien Georges Church à Harvard. Il a montré avec Luhan Yang en 2015 que l’édition du génome pouvait éliminer les virus latents dans le génome de porc. Dans leur prochain essai, ils envisagent des modifications du génome de plus grande envergure.
La xénotransplantation n’est pas un concept nouveau, mais les premiers essais dans les années 90 n’ont pas été concluants : les organes de porcs ou de babouin déclenchaient des réactions immunitaires graves et étaient rapidement détruits dans le corps humain. Le risque de propagation des maladies infectieuses entre les espèces a également freiné les recherches dans ce domaine. CRISPR a ravivé les espoirs. Un essai entre le porc et le babouin l’an dernier s’est révélé positif (cf. Des cœurs de porcs génétiquement modifiés pour faire face à la pénurie d’organes ?)
Pour le moment, eGenesis travaille avec des cellules de porcs en laboratoire. D’un côté des tests sont réalisés pour « humaniser » le système immunitaire du porc, et de l’autre ces cellules sont « nettoyées » de tout virus à risque. Une fois ces techniques au point, les chercheurs envisagent de cloner ces cellules, de les transférer dans un ovocyte pour « former un embryon de porc » qui sera transférée dans une « truie porteuse ».
MIT Technology Review, Karen Weintraub (16/03/2017)