Mexique : le développement d’une technique de PMA suscite la polémique

Publié le 16 Jan, 2020

Des chercheurs ont mené une « étude controversée », pour laquelle 81 jeunes femmes « ont été payées pour être inséminées artificiellement avant d’extraire les embryons de leurs corps pour être analysés à des fins de recherche ». Cette étude a été menée à l’hôpital de Punta Mita au Mexique.

 

L’étude publiée dans la revue Human Reproduction suggère que cette approche « pourrait offrir une manière plus simple et moins chère d’avoir un enfant, par rapport à la fécondation in vitro ». Santiago Munne, généticien de la reproduction et responsable de cette étude alors qu’il travaillait à CooperGenomics à Livingston, affirme : « Nous avons maintenant une méthode qui peut permettre de produire des embryons de bonne qualité ou meilleurs que la fécondation in vitro ». L’objectif final étant de permettre à des parents porteurs d’une anomalie génétique[1] de concevoir des enfants en étant dépourvus. Le chercheur explique également que cette technique pourrait être utilisée pour les couples de femmes homosexuelles, quand « l’une veut concevoir les embryons et l’autre les porter ». Il travaille désormais pour Overture Life, une entreprise basée à Madrid dédiée à la « production de matériel pour le traitement de l’infertilité ».

 

Les embryons créés par insémination artificielle et extraits en utilisant une technique dite de « lavage » ont été comparés à ceux obtenus par une fécondation in vitro pratiquée sur 20 femmes. Les femmes étaient payées environ 1400 $, « soit l’équivalent de plus de deux mois de salaires pour cette région ». Les participantes ont dû recevoir des injections hormonales afin de stimuler les ovaires et certaines subir un avortement chirurgical ou médicamenteux, « quand les tests indiquaient que certains embryons n’avaient pas pu être prélevés ». Cette recherche a été dénoncée par de nombreuses voix. Laurie Zoloth, bioéthicienne à l’Université de Chicago s’indigne : « Ce l’on fait ici est essentiellement d’utiliser les femmes comme des boites de Petri ».

 

Santiago Munne se défend, arguant que la recherche avait été autorisée par le Ministère de la santé de l’Etat de Nayarit, au Mexique, et par le Western Institutional Review Board aux Etats-Unis. Selon lui : « Il n’y a aucune différence entre un don d’ovocyte et ce que nous avons fait ici », et il se justifie en déclarant que le don est bien rémunéré aux Etats-Unis.

 

Certains des embryons créés ont été utilisés pour générer 5 grossesses « au moins » pour d’autres femmes que celles impliquées dans la recherche, dans les cas d’infertilité de couples. Les autres ont été « congelés »,  d’après John Buster, un autre membre de l’équipe de recherche.

 


[1] Comme la thalassémie beta ou la fibrose kystique.

NPR, Rob Stein (15/01/2020)

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