La nouvelle version du manuel américain de référence sur les troubles mentaux[1] parue au mois de mars inclut un nouveau trouble, le « deuil prolongé ». Défini comme la « persistance d’une souffrance psychique au-delà d’un an après le décès du proche ».
Un changement qui ne reçoit pas le soutien de tous les psychiatres et psychologues : « Faire du deuil prolongé une pathologie va dans le sens de la psychiatrisation et de la médicalisation de la vie quotidienne », estime Patrick Landman, psychiatre[2]. « Qu’est-ce qu’un chagrin ‘normal’ pour une personne endeuillée ? » s’interroge le médecin. « Aucun critère scientifique ne permet de dire quand un deuil est suffisamment long pour être pathologique », complète Steeves Demazeux, philosophe et historien des sciences.
Les psychologues de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) refusent également cette nouvelle classification. Ils rappellent « la dimension subjective de chaque deuil qui ne pourrait être considéré comme un trouble psychiatrique ».
[1] Le DSM-5, rédigé par l’Association américaine de psychiatrie ; sa première publication date de 1952. Depuis, il n’a cessé de s’épaissir, et est « jugé responsable de l’extension du domaine du pathologique ». Les instituts nationaux de santé américains « se sont désolidarisés du DSM-5, jugé trop faible sur le plan scientifique, et financent une autre classification ».
[2] Fondateur du collectif Stop DSM
Sources : Hospimedia, Jérôme Robillard (1/04/2022) ; Le Monde, Valentine Faure (20/03/2022)