Du concept à la pratique, de la dystopie à la réalité

Publié le 3 Mar, 2023

Partant d’un article scientifique isolé, le concept de mères porteuses en état de mort cérébrale a suscité la polémique. Bien que moins récent, un autre « concept » pourrait en faire autant. En effet, dans un article publié dans la revue Bioethics, une chercheuse danoise, Didde B. Andersen, a proposé le « don d’organe vital de son vivant » [1].

Euthanasié par prélèvement d’organe ?

Le don d’organes est déjà pratiqué après une euthanasie dans différents pays. Au Québec 15% des donneurs ont été euthanasiés au préalable (cf. Québec : 15% des donneurs d’organes ont été euthanasiés). La bioéthicienne invoque les mêmes « valeurs », autonomie et bienfaisance, pour les pousser à l’extrême. Elle appelle ainsi à une « réglementation plus ambitieuse », à savoir « permettre aux gens de devenir des donneurs d’organes vitaux de leur vivant même s’ils ne sont pas sur le point de mourir » [2]. Car n’accepter que les personnes en phase terminale comme donneurs éligibles au don d’organe vital de leur vivant « serait d’un paternalisme contestable », estime Didde Andersen.

« Qu’en est-il des personnes dont la santé décline pendant quelques années ? Au lieu d’être malheureux, elles pourraient aider quelqu’un à vivre une vie saine. Qu’en est-il des personnes qui ont accompli une “vie complète” ? Elles pourraient se retirer tout en aidant quelqu’un. » « Bien sûr, il faudrait que ces décisions irréversibles soient entièrement autonomes », tente-t-elle de rassurer, mentionnant le besoin de « procédures » contre les « pressions » potentielles.

Les convictions à l’épreuve du temps

Après le récit d’une, de deux, ou peut-être plus, histoires dramatiques où la vie d’une jeune mère de famille sera mise en balance de celle d’une femme « fatiguée de vivre » et déjà arrière-grand-mère, nous laisserons-nous convaincre ?

Alors que des experts de l’ONU s’inquiétaient en 2021 de prélèvements d’organes pratiqués sur des prisonniers chinois (cf. Prélèvement forcé d’organes en Chine : l’inquiétude des experts de l’ONU), des députés du Massachusetts ont introduit au début de l’année une proposition de loi visant à réduire la peine des prisonniers qui feraient don de leurs organes (cf. Massachusetts : une réduction de peine contre un don d’organes ?). Alors que He Jiankui suscitait l’indignation internationale en faisant naitre en 2018 deux jumelles éditées génétiquement (cf. Editer le génome : des conséquences imprévisibles ?), une enquête récente indique qu’un tiers des parents seraient prêts à faire éditer génétiquement leurs embryons pour augmenter les chances de leur enfant d’intégrer une université (cf. Trier les embryons pour réussir à l’université ?).

De la dystopie à la réalité, le fossé n’est pas toujours aussi large que l’on croit (cf. 1984 ou le Meilleur des mondes ?).

 

Cet article de la rédaction Gènéthique a été publié sur Aleteia sous le titre : Don d’organes après euthanasie ? Du concept à la pratique

[1] Bioethics, Didde B. Andersen, May I give my heart away? On the permissibility of living vital organ donation (18/08/2021) https://doi.org/10.1111/bioe.12935

[2] BioEdge, Michael Cook, New frontiers in organ donation: from DDR to ODE to LVOD (14/02/2023)

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