Euthanasie : « Ce prétendu droit m’enlève ma dignité, et tôt ou tard, me désigne la porte »

Publié le 8 Avr, 2021

Dans une lettre adressée aux députés, Marc-Henri d’Alès, « personne lourdement handicapée de naissance, en fauteuil depuis 42 ans » s’indigne : « Quand certains identifient la dépendance à la fin de la vie, c’est dégradant. Moi, personne handicapée depuis ma naissance, je dis halte là : je ne suis pas dégradé ». « Ma vie a-t-elle moins de valeur que celle de mon voisin ?, interroge-t-il. Pourtant ma vie n’est pas indigne, je vous le garantis. »

Pour Marc-Henri d’Alès, « le “laissez-nous avoir le choix” est biaisé car si vous me demandez si je veux vivre dans cet état handicapé, dans cet état de souffrance, je vous réponds tout de suite : plutôt mourir ! ». « Aujourd’hui, pour autant, je suis témoin que la souffrance se traverse si elle est accompagnée, affirme-t-il. Aujourd’hui, personne handicapée, je ne demande pas à mourir ; je demande à être soulagé de ma souffrance. »

Le témoignage de Philippe Pozzo di Borgo, parrain et soutien du Collectif Soulager mais pas tuer, est semblable. « En toute liberté, après mon accident, quand je ne voyais pas de sens à cette vie de souffrance et d’immobilité, j’aurais exigé l’euthanasie si on me l’avait proposée, assure-t-il. En toute liberté, j’aurais cédé à la désespérance, si je n’avais pas lu, dans le regard des soignants et de mes proches, un profond respect de ma vie, dans l’état lamentable dans lequel j’étais. » Mais c’est « leur considération [qui] fut la lumière qui m’a convaincu que ma propre dignité était intacte, témoigne-t-il. Ce sont eux – et tous ceux qui m’aiment – qui m’ont donné le goût de vivre. »

L’interdit de tuer « nous met sur un pied d’égalité »

« Vous ne vous rendez pas compte du désastre que provoque chez les personnes qui se débattent avec des vies difficiles votre soutien à l’euthanasie ou au suicide assisté comme des morts “libres, dignes et courageuses », avertit Philippe Pozzo di Borgo. « On nous dit : “C’est un droit qu’on vous propose ; il ne vous enlève rien.” Mais si ! assure-t-il. Ce prétendu droit m’enlève ma dignité, et tôt ou tard, me désigne la porte. » Et d’alerter : « Ne voyez-vous pas la pression – pour ne pas dire l’oppression – qui monte quand une société rend éligibles à la mort les plus humiliés, les plus souffrants, les plus isolés, les plus défigurés, les moins résistants à la pitié des autres, et – certains le revendiquent déjà – les plus coûteux ? » Car c’est bien l’interdit de tuer qui « nous met sur un pied d’égalité, m’autorise à exister », estime Philippe Pozzo di Borgo, et « si j’en éprouve le besoin, à me plaindre sans craindre d’être poussé vers la sortie ».

Pour Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la Vie, le « droit à mourir dans la dignité », « n’est finalement qu’une négation de la personne humaine ». Car la personne « ne devient pas indigne parce que son état physique ou mental se dégrade ». « Le devoir est de soulager, d’accompagner la personne humaine et de respecter la vie. »

 

Sources : Atlantico, Philippe Pozzo di Borgo (08/04/2021) ; Ombres et lumière, Marc-Henri d’Alès (02/04/2021) ; France soir (08/04/2021) – Photo : Steve Buissinne de Pixabay

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Mexique : un 14e Etat dépénalise l’avortement
/ IVG-IMG

Mexique : un 14e Etat dépénalise l’avortement

Au Mexique, le Congrès de Puebla a approuvé la dépénalisation de l'avortement jusqu'à 12 semaines de grossesse. Cet Etat devient ...
Canada : une femme handicapée accusée d'être « égoïste » parce qu’elle refuse l'euthanasie
/ Fin de vie

Canada : une femme handicapée accusée d’être « égoïste » parce qu’elle refuse l’euthanasie

« Vous êtes égoïste. Vous ne vivez pas, vous vous contentez d’exister » a déclaré une infirmière à une femme souffrant d’une ...
Irlande : une femme souffre de stress post-traumatique après la destruction de ses embryons
/ PMA-GPA

Irlande : une femme souffre de stress post-traumatique après la destruction de ses embryons

Une femme dont les cinq embryons stockés dans une clinique de fertilité ont été détruits, souffre désormais d’un syndrome de ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres