Xénogreffe : pas de signe de rejet d’un rein de porc un mois après sa transplantation

Publié le 28 Août, 2023

Mercredi 16 août, une équipe de chercheurs américains a annoncé que le rein de porc génétiquement modifié qu’ils avaient greffé sur un patient en état de mort cérébrale continuait de fonctionner, 32 jours après la transplantation (cf. Xénotransplantation : une deuxième expérience chez l’homme).

Il s’agit de « la plus longue période durant laquelle un rein de porc génétiquement modifié a fonctionné chez un humain », a affirmé l’hôpital NYU Langone dans un communiqué. Les scientifiques prévoient de poursuivre l’expérimentation encore un mois.

Maurice Miller, un homme de 57 ans en état de mort cérébrale et placé sous respirateur artificiel, avait fait don de son corps à la science. C’est sa sœur, Mary Miller-Duffy, qui a donné son accord pour l’expérience. « C’était une décision très difficile à prendre », témoigne-t-elle.

L’analyse de la réponse immunitaire

En complément du rein de porc, génétiquement modifié pour éviter la réaction de rejet, les chercheurs ont également greffé le thymus du porc, « une glande jouant un rôle important dans la réponse immunitaire » (cf. Double greffe cœur – thymus chez un nourrisson de 6 mois). L’objectif est que « le thymus aide les cellules du receveur à identifier celles du porc comme étant les siennes, aidant ainsi également à éviter un rejet », a précisé le Dr Adam Griesemer, membre de l’équipe, lors d’une conférence de presse. Le rôle du thymus sera analysé à l’issue des deux mois d’expérimentation.

Le 18 août, l’équipe de recherche Approches Multidimensionnelles en Transplantation d’Organe d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’AP-HP, dirigée par le professeur Alexandre Loupy à l’Institut de transplantation multi-organes et de médecine régénératrice de Paris (PITOR), en collaboration avec l’Institut NYU Langone Health, a publié une étude dans la revue The Lancet présentant « les mécanismes en jeu dans la réponse immunitaire survenant après la greffe de reins de porcs génétiquement modifiés chez l’humain » et identifiant « des solutions thérapeutiques pour prévenir le rejet de l’organe greffé ». Des « découvertes » qui « hissent la France à la pointe de la xénotransplantation ».

Vers des essais cliniques ?

« Le rein de porc remplace toutes les fonctions importantes assurées par un rein humain », affirme le Dr Robert Montgomery, directeur de l’Institut de transplantation de NYU Langone. Cette expérimentation « doit permettre de mener à un essai clinique sur un humain vivant », indique-t-il.

« Beaucoup pensaient “qu’il ne serait pas possible de maintenir un défunt pour une si longue période après la mort cérébrale” », a déclaré le Dr Montgomery. « Les fonctions normalement assurées par le cerveau, régulation de la température, du rythme cardiaque, de la pression artérielle… , ont été remplacées par une veille et des soins constants d’une équipe médicale. »

Les National Institutes of Health (NIH) conçoivent « actuellement » les futurs essais cliniques (cf. Un chercheur allemand se lance dans l’élevage de porc pour les xénogreffes).

Complément du 18/09/2023 : L’expérimentation s’est terminée mercredi dernier, alors que les chirurgiens du NYU Langone Health ont retiré le rein de porc et rendu le corps du patient à sa famille pour être incinéré. Elle aura duré deux mois.

 

Sources : Le Figaro avec AFP (16/08/2023) ; Inserm, CP (18/08/2023) ; Medical Xpress, Lauran Neergaard et Shelby Lum (14/09/2023)

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