Des obsèques contre des organes ? Des chercheurs proposent des mesures pour augmenter l’offre

Publié le 7 Déc, 2023

Une étude, publiée dans la revue Review of Behavioral Economics [1], suggère qu’offrir les obsèques pour le défunt pourrait augmenter le consentement des familles au don d’organes.

Alors que « les progrès technologiques et le vieillissement de la population allongent chaque année la liste d’attente pour les transplantations », des chercheurs ont proposé diverses mesures visant à augmenter l’offre. Parmi elles, « des primes d’assurance maladie pour les donneurs vivants », « des aides funéraires pour les familles » ou encore « des paiements directs en espèces ».

Un marché du rein en Iran

Certains économistes ont proposé la mise en œuvre d’un système de transplantation d’organes basé sur le marché, « où l’offre rencontre la demande au prix d’équilibre ». Ce qui, selon eux « pourrait résoudre les problèmes persistants de pénurie d’organes et de longues listes d’attente ». L’Iran est le seul pays à avoir mis en place un tel système pour la transplantation rénale.

Malgré les « résultats » de l’Iran qui a résorbé ses listes d’attente, ce type de procédé soulève des oppositions. En effet, il peut conduire à une aggravation des inégalités « puisque l’offre proviendrait probablement de vendeurs pauvres au profit de riches receveurs » (cf. Iran : la vente légale de rein, une “exploitation des plus démunis”).

En Iran, les « vendeurs de reins », issus pour la plupart de milieux défavorisés, sont fréquemment stigmatisés au sein de leur communauté.

Stimuler l’offre d’organes sans compromettre les valeurs éthiques ?

Dans la présente étude, 756 Américains se sont vus soumettre des scénarios hypothétiques dans lesquels il leur était demandé de prendre des décisions concernant le don d’organes pour un membre de leur famille récemment décédé. Les caractéristiques du donneur potentiel variaient [2], mais les sondés devaient se prononcer sachant qu’il leur reviendrait de payer les funérailles de leur proche.

Différentes « incitations » ont été ainsi examinées : récompenses sous forme de cadeaux [3] récompenses sous forme de cadeaux monétisés [4], paiements directs [5]. Les participants ont dû évaluer ces incitations selon sept critères éthiques [6], et indiquer s’ils consentiraient ou non au don d’organes de leur proche.

Les cadeaux plus éthiques que l’argent ?

Les participants ont jugé les prestations funéraires, qu’elles soient associées ou non à des valeurs monétaires, de façon « nettement plus élevées que les récompenses en espèces » selon les sept critères éthiques.

Le fait d’offrir des obsèques, que le prix soit mentionné ou non, a entraîné une augmentation de 8,5 % du consentement. Par ailleurs, il existe une « potentielle sensibilité au prix », entre les incitations faibles et élevées, mais qui n’a pas pu être confirmée par l’analyse statistique.

Parmi les facteurs sociodémographiques, seul le statut de donneur a eu un impact significatif sur les résultats. En effet, les participants s’étant déclarés donneurs potentiels ont évalué les récompenses plus favorablement, et se sont montrés plus disposés à donner leur consentement, que ceux qui n’avaient jamais envisagé de devenir donneurs.

 

[1] Vinh Pham, Cash, Funeral Benefits or Nothing at All: How to Incentivize Family Consent for Organ Donation, Review of Behavioral Economics (2021). DOI: 10.1561/105.00000136

[2] Selon l’âge (25, 40 et 55 ans), le sexe (frère ou sœur), le type de décès (mort cérébrale ou circulatoire) et le souhait enregistré de faire un don (oui, non ou imprécis)

[3] un cercueil « honorifique » ou un service funéraire complet

[4] un cercueil de 2 500 $ ou un service funéraire de 7 500 $

[5] 2 500 $ ou 7 500 $ en espèces

[6] (1) maintenir le concept du don d’organes comme un don du donneur au receveur, (2) transmettre la gratitude pour le don, (3) honorer le donneur décédé, (4) préserver le caractère volontaire, (5) éviter la commercialisation des organes, (6) maintenir les valeurs altruistes actuelles et (7) maintenir l’opinion positive de la société sur le don d’organes

Source : Medical Xpress, Tuan Vinh Pham (06/12/2023)

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