Royaume-Uni : des chercheurs veulent récupérer les embryons pour ne pas « gaspiller »

Publié le 8 Déc, 2023

Au Royaume-Uni, « d’éminents scientifiques appellent à une modification de la loi afin d’aider les patients ayant bénéficié d’une FIV à donner leurs embryons inutilisés à la recherche biomédicale » [1]. En effet, les dons se seraient « effondrés » au cours des 15 dernières années.  « La commercialisation croissante de la FIV, les cliniques du NHS débordées et la lourdeur de la paperasserie » auraient divisé par 25 le nombre d’embryons donnés [2].

Les chercheurs déplorent, par exemple, que « de nombreuses cliniques privées ne proposent pas systématiquement le don d’embryons comme option »[3].

Convaincre les parents

« Il existe des dizaines de milliers d’embryons de bonne qualité dont les patients n’ont plus besoin et qui pourraient être incroyablement utiles à la recherche », déclare ainsi le professeur Kathy Niakan, de l’université de Cambridge.

« Certains [patients] ont dû être conseillés parce qu’il leur a fallu beaucoup de temps pour réaliser leur souhait de faire un don à la recherche », poursuit-elle. Ces parents auraient-ils des difficultés à laisser leurs embryons, alors que certains d’entre eux sont devenus leurs enfants ? (cf. Embryons « oubliés » après une PMA : 25 ans après « il est encore difficile de lâcher prise »)

Ne pas « gaspiller » cette précieuse ressource »

De son côté, Sarah Norcross, directrice du Progress Educational Trust, une organisation spécialisée dans l’infertilité et les maladies génétiques, déplore « le gaspillage pur et simple d’embryons humains que l’on laisse mourir par défaut, alors que les chercheurs pourraient tirer tant d’enseignements de cette précieuse ressource ». Un « scandale », estime-t-elle.

Actuellement, au Royaume-Uni, les parents doivent consentir à ce que leurs embryons soient utilisés dans le cadre de projets de recherche spécifiques. Des chercheurs appellent à la création d’une « banque d’embryons » destinés à la recherche, qui « allouerait les embryons stockés » en fonction des besoins des projets des scientifiques.

Et les alternatives ?

Les chercheurs, aveuglés par une vision utilitariste, ne semblent pas s’interroger sur la quantité d’embryons stockés. L’essentiel est de les récupérer.

Comparativement aux alternatives comme le recours aux cellules iPS (cf. Les cellules iPS, alliées des chercheurs), la « ressource » est bon marché. Reste seulement à optimiser la collecte de ces embryons « sur étagère ». Des embryons réifiés, qui serviront les projets des chercheurs. Des embryons dont on extraira peut-être les cellules souches, ce qui conduit à leur destruction, afin de cultiver des « embryoïdes » ou embryons « de synthèse » (cf. Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches), perdant ainsi au passage le peu de considération qu’on daignait leur accorder.

 

[1] The Guardian, Call to help UK IVF patients donate unused embryos after shortage hinders research, Hannah Devlin (06/12/2023)

[2] Selon les chiffres obtenus par The Guardian, le nombre d’embryons donnés à la recherche, après une procédure de FIV, est passé de passant de 17 925 en 2004 à 675 en 2019, l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. Cette même année 76 427 embryons ont été transférés au cours de cycles de FIV et 172 915 ont été détruits, d’après les chiffres de l’Autorité britannique de fertilisation humaine et d’embryologie (HFEA).

[3] « Seule une clinique sur cinq facilite systématiquement le don »

Photo : iStock

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