« Transition de genre », « transition de race », et après ?

Publié le 21 Déc, 2023

En 2015, Rachel Dolezal, de son autre nom de Nkechi Amare Diallo, était à l’origine d’un scandale. Militante de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP), l’enseignante américaine a fait croire à des origines afro-américaines pendant plus de 10 ans, avant que ses parents ne révèlent la vérité. Face au scandale, Rachel affirme « se sentir noire depuis toute petite » et se revendique « la première personne identifiée comme “transraciale” »[1].

De l’Afrique à l’Asie

Depuis 2015 la mode a changé. Désormais, des jeunes femmes manifestent vouloir devenir coréennes, japonaises ou encore chinoises. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs dispensent des conseils à leurs « communautés » Race Change to Another [2] (RCTA) : montages photos, maquillage, voire chirurgie esthétique.

Passant à la pratique, l’influenceur britannique Oli London a effectué en 2021 une « double transition », de genre et de « race ». Il dépense 140 000 dollars pour subir 18 opérations de chirurgie esthétique et « se définit alors comme étant une femme coréenne ».

Mêmes coupables, mêmes victimes

Le phénomène n’est pas si isolé. En effet, le mot-dièse #rcta a déjà engrangé 388 millions de vues et reprend les concepts du « genre ». Ainsi, le « deadnaming », c’est-à-dire le fait de ne plus vouloir se faire appeler par son prénom de naissance, « auquel on ne s’identifie plus », est aussi pratiqué.

Les victimes sont les mêmes : surtout des adolescentes. Des jeunes déboussolés, pris dans les filets d’influenceurs, parfois désorientés eux-mêmes. Ainsi, figure de proue du mouvement RCTA, Oli London a finalement détransitionné. Depuis il invite à s’interroger (cf. Théorie du genre : un ancien transgenre dénonce « un prosélytisme général »).

La démission des adultes ?

Refus de son sexe, refus de sa « race », refus de son corps charnel au profit d’un corps fantasmé : face à ce désarroi adolescent, les adultes doivent retrouver leur rôle. « Les respecter, c’est entendre leur parole comme une adresse qu’ils font au monde des adultes, comme une interpellation, rappelle le pédopsychiatre et psychanalyste Christian Flavigny ; il faut la prendre au sérieux, mais pas de façon littérale. » (cf. « Les jeunes », faux héros et vraies proies de notre époque)

Mais pour transmettre le sens des limites, ne faudrait-il pas commencer par le redécouvrir nous-mêmes ? (cf. Le sens des limites) Et renoncer à la toute-puissance, même quand il s’agit de soi (cf. Euthanasie : « l’aboutissement du projet républicain » ?).

 

[1] Le Monde, Les « Race Change to Another », ces ados en quête d’une coréanité fantasmée, Anne Chirol (2023)

[2] personnes en « transition de race »

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