Euthanasie: “On n’oblige personne à [la] demander, mais on oblige tous les patients à l’envisager”

Publié le 9 Juin, 2021

A la question “N’avez-vous plus peur de la mort ? “, Claire Fourcade, médecin en soins palliatifs et présidente de la SFAP[1] répond : “Apprivoiser la mort prend sans doute toute une vie, et bien sûr la peur reste toujours présente… “ Et d’ajouter : “Mais je crois qu’il y a une illusion de croire que l’euthanasie va répondre à l’angoisse de la mort. On ne supprimera jamais la douleur de la mort. La mort reste difficile “.

Médecin, elle explique que le débat sur l’euthanasie mêle deux choses différentes : “les conditions dans lesquelles on meurt et la possibilité de choisir et contrôler sa vie et sa mort“. Elle rappelle que trois grands principes éthiques guident la pratique des soins : la bienfaisance, la non-malfaisance et l’autonomie du patient. “Mais faut-il mettre l’autonomie autant en avant ? “ Elle analyse en ce sens que : “La revendication d’euthanasie est pour les gens non pas qui vont mourir mais qui veulent mourir, et veulent une forme d’assurance pour maîtriser leur mort. Mais la question est de savoir si cela concerne des soignants. Pourquoi est-ce à nous de donner la mort ?

Dans un contexte populaire favorable à l’euthanasie, Claire Fourcade affirme que la légalisation de l’euthanasie impliquerait un changement de mentalité important : “On n’oblige personne à demander une euthanasie, mais on oblige tous les patients à l’envisager “.

Face à la critique des soins palliatifs parfois vus comme un luxe, dans un monde où tant de personnes n’ont rien pour vivre, Claire Fourcade s’explique : “Il n’y a pas de chose trop petite, pour ce qui nous intéresse. C’est une médecine où la part principale est donnée à la relation. (…) Quand je parviens à soulager un patient, je suis heureuse. L’objectif de ma vie est de changer le monde. Mais consciente de mes limites, j’ai décidé de me contenter de ne changer qu’un petit bout du monde, avec cette “médecine des petits riens“… C’est l’espoir avec lequel j’avance. “

[1] Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs

Sources : La Croix, Isabelle de Gaulmyn (08/06/2021) – Photo : iStock

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