Greffe de cellules souches : un patient en rémission du VIH et de la leucémie

Publié le 4 Mar, 2024

Cinq ans après avoir reçu une greffe de cellules souches, Paul Edmonds, un Californien de 68 ans, n’a plus aucune trace du VIH, ni de la leucémie dont il était atteint. Il est en rémission de ces deux maladies.

Connu sous le nom de « patient de City of Hope », son cas clinique a été décrit dans le New England Journal of Medicine [1].

Des cellules souches présentant une mutation génétique rare

Alors qu’il était atteint du VIH depuis 1988, Paul Edmonds s’est vu diagnostiquer une leucémie myéloïde aiguë (LAM) en 2018. Il suivait depuis 1997 un traitement antirétroviral contre le VIH, ce qui avait permis de réduire sa charge virale à des niveaux « indétectables ».

En novembre 2018, Paul Edmonds a commencé une chimiothérapie à intensité réduite. Il lui a fallu trois cycles pour obtenir une rémission, qui est survenue à la mi-janvier 2019.

Le 6 février 2019, le patient a pu bénéficier d’une greffe de cellules souches afin de remplacer les cellules endommagées par la chimiothérapie. Il a alors reçu des cellules souches présentant une mutation génétique rare, CCR5Δ32. Cette mutation rend les personnes qui en sont porteuses résistantes au VIH. En effet, le VIH utilise le récepteur CCR5, placé sur les cellules immunitaires CD4+, pour pénétrer et attaquer le système immunitaire, mais la mutation CCR5 bloque cette voie et empêche le virus de se répliquer.

Paul Edmonds a présenté peu d’effets secondaires. Depuis sa greffe, il n’a plus montré aucun signe de leucémie, ni de VIH.

Le patient le plus âgé

En mars 2021, le patient a arrêté ses traitements antirétroviraux. Lors de ses analyses, aucun VIH n’a été détecté.

L’équipe médicale qui l’a suivi affirme qu’il est officiellement guéri du cancer, et qu’il lui faudra encore deux ans pour être déclaré guéri du VIH.

Paul Edmonds est le cinquième patient dans le monde à être en rémission de sa leucémie myéloïde aiguë et du VIH après avoir bénéficié d’une greffe de cellules souches (cf. Greffe de cellules souches et VIH : un troisième patient en rémission). Il est le plus âgé à y être parvenu, mais aussi celui qui a été séropositif le plus longtemps.

« Le “patient de City of Hope” démontre qu’il est possible d’obtenir une rémission du VIH même à un âge plus avancé et après avoir vécu avec le VIH pendant de nombreuses années » explique le Dr Jana Dickter, chef de clinique dans le service des maladies infectieuses de City of Hope. Son cas démontre en outre qu’une « rémission peut être obtenue avec un régime de moindre intensité que le traitement reçu par les quatre autres patients [précédents] ».

De nouvelles pistes

Le Dr Stephen Forman, professeur au Département d’hématologie et de transplantation de cellules hématopoïétiques, indique que l’hôpital ne compte pas s’arrêter là. « Nos chercheurs travaillent (..) à la création de cellules souches porteuses de la mutation génétique qui les rend naturellement résistantes au VIH » poursuit-il.

Les chercheurs de City of Hope ont également produit des cellules CAR-T pouvant combattre les cellules infectées par le VIH et « contrôler le virus » dans le cadre d’une recherche préclinique (cf. CAR-T : un essai clinique pour traiter le VIH). Un essai clinique utilisant la thérapie par cellules CAR-T, qui pourrait permettre aux patients séropositifs d’arrêter les antirétroviraux, devrait commencer bientôt.

Aux Etats-Unis, trois patients atteints du VIH ont par ailleurs été traités en utilisant CRISPR-Cas9 (cf. VIH : un premier patient traité avec CRISPR). Les premières études suggèrent que CRISPR peut couper efficacement des sections de l’ADN du virus situées dans les cellules humaines. Suite à l’essai clinique, de nouvelles données sur l’efficacité du traitement sont attendues cette année.

Complément du 19/07/2024 : Le 18 juillet, Christian Gaebler, médecin à l’hôpital de la Charité à Berlin a annoncé qu’un de ses patients, un Allemand de 60 ans, n’avait plus aucune trace du virus du VIH dans son organisme après une greffe de moelle osseuse. Diagnostiqué séropositif en 2009, le sexagénaire a reçu, en 2015, une greffe de moelle osseuse pour soigner une leucémie. En 2018, il a cessé son traitement antirétroviral et, près de six ans plus tard, les chercheurs ont constaté qu’il n’avait plus de charge virale détectable. Il pourrait d’agir du 7ème cas de guérison du VIH.

 

[1] HIV-1 Remission after Allogeneic Hematopoietic-Cell Transplantation, N Engl J Med 2024; 390:669-671 DOI: 10.1056/NEJMc2312556

Sources : Daily mail, Caitlin Tilley (26/02/2024) ; CP du City of Hope (20/02/2024) ; Medical Xpress, David Lawler (18/07/2024) – Photo : iStock

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