A propos du clonage

Publié le 25 Mar, 2009

Dans son ABC de la bioéthique, le journal La Croix aborde aujourd’hui la question du clonage reproductif et thérapeutique.

En 1996, naissait la brebis Dolly, premier mammifère cloné à partir d’une cellule adulte. Depuis, ce clonage reproductif a fait l’objet d’un large bannissement international. Il existe également le clonage dit "thérapeutique", encore appelé "transfert nucléaire". Entre ces deux clonages, seul change le but poursuivi. La technique est la même : elle consiste à prélever le noyau d’une cellule ordinaire non sexuelle sur une personne et à l’introduire au cœur d’un ovocyte préalablement privé de son noyau. Cette manipulation fait démarrer le processus de la vie et permet le développement d’un embryon.

Dans le clonage reproductif, l’embryon est réimplanté dans un utérus au stade du blastocyste. Dans le clonage dit "thérapeutique", le développement de l’embryon est interrompu au même moment. Les cellules sont alors mises en culture pour donner naissance à des lignées de cellules souches embryonnaires humaines pour les laboratoires de recherche.

Les chercheurs reconnaissent maintenant que le "clonage thérapeutique" ne peut servir que pour la recherche fondamentale et non pas thérapeutique.

Outre l’instrumentalisation (création et destruction) de l’embryon, cette technique pose également le problème du recours aux ovocytes avec le risque de voir se développer "un marché" des ovocytes. Pour contourner ce problème, le Royaume-Uni a récemment autorisé les "cybrides" (cf. Synthèse de presse du 23/10/08) : un noyau d’origine humaine transféré dans un ovocyte d’origine animale. Il crée ainsi des chimères hommes-animal.

En France, la loi du 6 août 2004 interdit le clonage reproductif. Celui-ci est punissable de 30 ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 € d’amende. Elle interdit aussi "la constitution par clonage d’un embryon humain à des fins thérapeutiques", "toute conception in vitro ou toute constitution par clonage d’embryon humain à des fins de recherche" et "toute conception in vitro ou toute constitution par clonage d’embryon humain à des fins industrielles et commerciales".

Le rapport 2006 du député UMP Pierre-Louis Fagniez et celui de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) recommandent d’autoriser le clonage thérapeutique sous contrôle de l’Agence de la biomédecine. Mais cette autorisation se trouverait en contradiction avec la convention d’Oviedo dont l’article 18 stipule : "la constitution d’embryons aux fins de recherche est interdite", ainsi qu’avec son protocole additionnel de 1998 qui interdit "toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain vivant ou mort."

Jacques Ricot, philosophe, chargé d’un enseignement de bioéthique à l’université de Nantes dénonce que l’on veuille remplacer le terme de clonage par celui de "transfert nucléaire" afin de distinguer le clonage thérapeutique du reproductif. "Dans les deux cas, on a affaire à un même procédé, qui aboutit à la création d’un embryon pour une recherche aboutissant à sa destruction". Il rappelle que "scientifiquement, il est patent que l’être humain commence à la fusion des gamètes". Il s’oppose donc au clonage estimant que "cela mettrait en péril la représentation que l’on se fait de la vie de l’homme en général, en amenant à penser qu’il y a des humains qui sont moins humains que d’autres".

Du côté des catholiques et des protestants on condamne toute forme de clonage. L’islam et le judaïsme établissent une distinction entre clonages reproductif et thérapeutique. Ils condamnent le premier mais le second serait envisageable. 

La Croix (Marianne Gomez – Denis Sergent – Anne-Bénédicte Hoffner et Martine de Sauto) 25/03/09

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