Allemagne : désaccord en bioéthique

Publié le 23 Mai, 2001

La recherche génétique et ses applications divisent l’Allemagne. 65 % des allemands s’expriment contre ces nouvelles technologies et désapprouvent le travail en laboratoire sur les cellules humaines.

 

La controverse sur la bioéthique s’est envenimée depuis que le président de la République Johannes Rau et le chancelier Gerhard Schröder affichent leur désaccord. Le débat porte surtout sur la « préimplantation » c’est à dire sur la question de savoir si l’on a le droit d’éliminer dans l’éprouvette des embryons humains fécondés in vitro qui révèlent des déficiences graves avant leur implantation dans leur future mère.

 

Samedi dernier, le président Rau s’est prononcé dans un discours officiel à Berlin contre toute intervention d’ordre génétique sur la cellule humaine à l’état embryonnaire ainsi que contre le clonage et la sélection génétique. La ministre socialiste de la justice, Herta Daübler-Gmelin, soutient le président Rau estimant que « le diagnostic de préimplantation » est tout simplement « inconstitutionnel ».

 

Pour eux, c’est permettre la « sélection » des êtres humains évoquant les méthodes du III ième Reich qui avait pratiqué eugénisme et euthanasie. Le président compare le débat sur la bioéthique à la contestation de l’énergie nucléaire, dans le cadre du tout progrès scientifico-technique, faisant un appel du pied explicite aux verts et à la gauche socialiste réfractaire à la politique nucléaire de Schröder.  Le chancelier Schröder, a l’initiative de la création d’un conseil d’éthique chargé de trancher le débat, souligne la nécessité de ne pas sous estimer les potentialités économiques de la recherche génétique.

 

Pour le chancelier, l’Allemagne doit devenir numéro un européen en matière de biotechnologie. Depuis 1998, le chiffe d’affaires des entreprises de biotechnologie allemandes a augmenté d’un tiers par an et jusqu’à l’an dernier leurs effectifs se sont accrus de 40%. Parallèlement, le ministre socialiste de la recherche Edelgard Buhlmann est favorable à la recherche en biomédecine expliquant qu’on manque de critères pour juger de la dignité de cellules humaines encore embryonnaires. 

 

59 % des allemands estiment que l’être humain existe dès la fécondation de l’ovule. Néanmoins 48% d’entre eux (contre 47%) sont favorables à l’implantation des seuls embryons sains.

 

En Europe, syndicats, scientifiques réclament une réglementation de la recherche génétique à l’échelle européenne se plaignant du manque d’harmonisation afin, pour certains, d’éviter des dérapages.

 

Le Figaro 23/05/01

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