Avis d’experts

Publié le 9 Déc, 2003

La révision des lois de bioéthique fait réagir nombre de personnalités du monde scientifique politique et religieux.

 

Dans le journal La Croix, le ministre de la Santé, Jean-François Mattéi revient sur la recherche sur l’embryon. Il rappelle le principe fondateur selon lequel la loi doit garantir le respect de l’être humain dès le commencement de la vie. Il ajoute que « ce principe est essentiel et l’on ne peut admettre qu’il y soit porté atteinte, sauf si c’est pour sauvegarder d’autres principes tout aussi essentiels ».

 

C’est pourquoi il souhaite autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires à titre dérogatoire pour une durée de 5 ans et ceci « par nécessité scientifique ». Il estime que seuls des progrès accomplis sur les cellules souches adultes pourront justifier l’arrêt des recherches sur les cellules souches embryonnaires : « sinon on pourra prolonger l’autorisation de 5 ans ». Par ailleurs, il estime que l’on ne peut priver l’embryon d’expérimentations qui pourraient lui être bénéfiques…

 

Jean-François Mattéi souligne les dérives du diagnostic prénatal. Celui-ci dégage « un choix collectif qui est celui du refus du handicap ». Il rappelle par exemple que chaque année 11% des femmes enceintes, soit 80000 femmes ont une amniocentèse qui provoque une fausse couche dans 1% des cas. « On procède donc à 800 interruptions annuelles de grossesses de fœtus qui sont le plus souvent normaux. Cela pose problème ».

 

Pour remédier à cela il souhaite mieux informer les couples et former les professionnels. Il envisage de créer le métier de « conseillers en génétique » qui seront des professionnels capables d’éclairer le choix des couples. Enfin, il réaffirme l’importance de l’accueil de la personne handicapée dans la loi sur le handicap.

 

Claude Huriet, président de l’Institut Curie affirme de son côté « qu’ouvrir la recherche sur l’embryon, remet en cause la finalité de la vie ». Il indique que « l’argument des espoirs thérapeutiques ouverts par la recherche sur l’embryon est fallacieux, car ces espoirs ne sont pas confirmés ». « Et selon moi, un bénéfice thérapeutique ne peut pas être mis sur le même plan que la vie humaine » ajoute t-il. Il regrette que le gouvernement ait prévu d’autoriser la recherche pour 5 ans car « cela ne fait que mettre entre parenthèses la dignité de l’embryon pour les besoins de la cause et ne résout rien ».

 

De son côté, le professeur Claude Sureau, revient sur l’interdiction du transfert d’embryons post mortem. Il dénonce le fait que certains parlementaires qui défendaient le « droit de naître et de vivre handicapé » dans l’affaire Perruche refusent désormais le transfert d’un embryon conservé in vitro et dont le père est décédé au motif qu’il ne convient pas de « faire naître un orphelin ».

 

Enfin, le Cardinal Barbarin, Archevêque de Lyon revient sur la recherche sur l’embryon en affirmant : « Que la loi autorise désormais une utilisation des embryons qui porte atteinte à leur vie et à leur intégrité constitue une grave transgression, inédite dans la société française ».
Autoriser la recherche qui entraîne la destruction de l’embryon le réduit de fait à « un simple matériau de laboratoire ». « Franchir ce pas serait contraire aux principes les plus élémentaires d’une société qui se veut respectueuse de la dignité humaine » ajoute t-il. Il rappelle que l’Église catholique enseigne que « l’embryon humain n’est pas une chose », et qu’il ne peut y avoir « d’exception au respect » qui lui est dû.

 

Compatissant aux souffrances des familles touchées par la maladie ou le handicap, l’Église « fait confiance à la capacité de la science de progresser sans blesser la dignité humaine » conclut-il.

La Croix (Marianne Gomez) 09/12/03 – Genethique 05/12/03 – La Croix 10/12/03

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