Avortement : 700 médecins anglais demandent une réduction des délais de 24 à 22 semaines

Publié le 11 Mar, 2024

En Angleterre, plus de 700 médecins ont adressé une lettre aux députés afin de leur demander de soutenir un amendement au projet de loi du Gouvernement sur la justice pénale visant à réduire le délai d’avortement de 24 à 22 semaines de grossesse.

« Nous sommes en mesure de maintenir en vie des bébés de 22 à 23 semaines de grossesse »

Selon les professionnels de santé, « une réduction du délai supérieur à 22 semaines serait appropriée aujourd’hui, compte tenu des progrès de la médecine qui ont conduit à une amélioration significative des taux de survie pour les bébés nés avant la délai autorisé pour avorter de 24 semaines » (cf. Prématurité : les limites de la viabilité repoussées).

En effet, de plus en plus de bébés nés à 22 ou 23 semaines survivent (cf. Bébés prématurés : des chances de survie dès 22 semaines). Au cours de la dernière décennie, les taux de survie des bébés nés à 23 semaines ont doublé, passant de deux sur dix à quatre sur dix, indiquent les médecins. La British Association of Perinatal Medicine (BAPM) a d’ailleurs établi de nouvelles directives permettant aux médecins d’intervenir pour sauver les bébés prématurés à partir de 22 semaines de grossesse précisent-ils.

John Wyatt, professeur émérite de pédiatrie néonatale à l’UCL, est lui aussi convaincu de la nécessité de modifier la loi. « Je sais par expérience que nous sommes en mesure de maintenir en vie des bébés de 22 à 23 semaines de grossesse et que nombre d’entre eux survivent et mènent une vie normale en bonne santé » explique-t-il.

755 avortements de bébés à 22 ou 23 semaines de grossesse ont été pratiqués en 2021

L’amendement réduisant le délai d’avortement à 22 semaines a été déposé par Caroline Ansell, une députée conservatrice. Elle souligne qu’avec le délai actuel de 24 semaines des « bébés du même âge gestationnel » peuvent connaître « des destins opposés », y compris dans le même hôpital. Ainsi, une équipe médicale peut travailler « pour sauver la vie », alors qu’une autre travaille « pour y mettre fin » souligne la députée.

« Une étude a estimé qu’en 2020 et 2021, 261 bébés, nés à 22 ou 23 semaines de grossesse, ont survécu jusqu’à leur sortie de l’hôpital » poursuit Caroline Ansell, « il ne s’agit pas d’un cas théorique ».

La députée rappelle en outre que, selon le site web du NHS, « à 12 semaines, le bébé à naître est “complètement formé” ; à 18 semaines, les fœtus peuvent commencer à réagir aux bruits du monde extérieur. A 22 semaines, ils commencent à dormir et à s’éveiller, et à 23 semaines, ils pratiquent des mouvements respiratoires pour se préparer à la vie hors de l’utérus ». « Pourtant, en 2021, l’année la plus récente pour laquelle nous disposons de données complètes, 755 avortements ont été pratiqués à 22 ou 23 semaines de grossesse » dénonce Caroline Ansell (cf. En Angleterre, un prématuré nait avant le délai légal d’avortement).

Deux amendements concernant l’avortement

En 1990, pour tenir compte des progrès médicaux qui avaient permis d’améliorer les taux de survie des bébés, le délai d’avortement avait été ramené de 28 à 24 semaines.

L’amendement de la députée est soutenu par un groupe multipartite de plus de 30 députés, dont l’ancien ministre des affaires, Sir Jacob Rees-Mogg, l’ancien ministre de l’Intérieur Sir John Hayes, et l’ancienne ministre de la Santé Maggie Throup.

Un deuxième amendement, soutenu par Dame Diana Johnson, présidente de la commission des Affaires intérieures, propose au contraire de dépénaliser l’avortement après 24 semaines (cf. Une britannique avorte à domicile à 28 semaines : la police ouvre une enquête). Les deux textes devraient être discutés et votés en mars.

En Europe, le « délai médian d’avortement » est de 12 semaines de grossesse, soulignent les médecins (cf. Loi Gaillot : réaction d’un gynécologue). Selon eux, la Grande-Bretagne n’est donc « pas en phase ». Ils ajoutent que la réduction à 22 semaines serait un « changement modeste ».

 

Source : The Telegraph, Charles Hymas (10/03/2024)

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Mexique : un 14e Etat dépénalise l’avortement
/ IVG-IMG

Mexique : un 14e Etat dépénalise l’avortement

Au Mexique, le Congrès de Puebla a approuvé la dépénalisation de l'avortement jusqu'à 12 semaines de grossesse. Cet Etat devient ...
Canada : une femme handicapée accusée d'être « égoïste » parce qu’elle refuse l'euthanasie
/ Fin de vie

Canada : une femme handicapée accusée d’être « égoïste » parce qu’elle refuse l’euthanasie

« Vous êtes égoïste. Vous ne vivez pas, vous vous contentez d’exister » a déclaré une infirmière à une femme souffrant d’une ...
Irlande : une femme souffre de stress post-traumatique après la destruction de ses embryons
/ PMA-GPA

Irlande : une femme souffre de stress post-traumatique après la destruction de ses embryons

Une femme dont les cinq embryons stockés dans une clinique de fertilité ont été détruits, souffre désormais d’un syndrome de ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres