“Bébé-médicament” : controverse

Publié le 9 Fév, 2011

La naissance le 26 janvier 2011 du petit Umut-Talha, "bébé-médicament" sélectionné par double diagnostic préimplantatoire (DPI) pour sa compatibilité avec un de ses aînés, atteint d’une grave maladie génétique et en attente de greffe de sang de cordon, suscite de vives polémiques (cf. Synthèse de presse du 08/02/11).

Le Pr Frydman, qui est à l’origine de cette naissance, a dénoncé en conférence de presse un "maquis de précautions sur le plan législatif", qui entraverait selon lui les progrès sur la procréation médicalement assistée. L’annonce de la naissance est tombée le même jour que l’ouverture du débat du projet de loi sur la bioéthique à l’Assemblée nationale. Alors que la loi de 2004 avait autorisé la pratique du DPI "à titre expérimental" pour 5 ans, l’actuel projet de loi prévoit de la pérenniser. Par ailleurs, le Pr Frydman s’inquiète d’amendements qui proposent de limiter le nombre d’embryons à trois lors de fécondations in vitro afin d’éviter d’accroître le stock d’embryons surnuméraires. Cela ne permettrait plus la naissance d’autres "bébés-médicaments".

En effet, le Pr Stéphane Viville, chef de service du laboratoire de biologie de la reproduction du CHU de Strasbourg, explique que les "chances de réussite [du double DPI] sont minimes". Depuis 2006, sur les dix tentatives entreprises par le Pr Frydman, trois seulement ont abouti à une grossesse. Sur les trois, une a donné lieu à une fausse-couche, la seconde à la naissance d’un enfant non compatible et la troisième à la naissance d’Umut-Talha.

Face à ce faible taux de réussite, l’Alliance pour les Droits de la Vie a dénoncé une  "exploitation de la souffrance liée à la maladie" : "déjà dix autres familles frappées par la maladie génétique ont vécu ce processus sans succès ; pour elles, le bébé-médicament s’est soldé par un faux espoir", a expliqué son délégué général, Tugdual Derville.

"Le bébé-médicament" est "une fausse piste", une démarche "indigne de l’homme", a estimé quant à lui Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du groupe de travail épiscopal sur la bioéthique. "Accompagner la souffrance de parents qui ont un enfant gravement malade est un devoir de la société. Nous comprenons leur détresse et leur espoir dans la médecine. En revanche, légaliser l’utilisation de l’être humain le plus vulnérable pour guérir est indigne de l’homme. Concevoir un enfant pour l’utiliser –même pour soigner – n’est pas respectueux de sa dignité", écrit-il dans un communiqué signé par tous les évêques de la province d’Angers.

Pour la Fondation Jérôme Lejeune, ce premier bébé-médicament en France "a été instrumentalisé pour servir une évolution législative eugéniste". Il s’agit d’un double tri d’embryons, donc d’une double transgression. La Fondation fait remarquer que "le développement des banques de sang de cordon fait du bébé médicament une technique inutile".

Nora Berra, secrétaire d’Etat à la Santé a déclaré : "J’approuve la prouesse médicale et scientifique, mais je ne peux approuver l’instrumentalisation de la conception".

Le Figaro.fr 08/02/11 – Le Monde 08/02/11 – Le Quotidien du médecin.fr 08/02/11 – Romandie News 08/02/11 – adv.org 08/02/11 – La Croix.com (Pierre Bienvault) 08/02/11 – Le Monde.fr (Vincent Matalon) 08/02/11 – 20minutes.fr 08/02/11 – Le Point.fr 08/02/11 – La Vie.fr (Claire Legros) 08/02/11 – Le Parisien.fr 08/02/11 – Le Figaro.fr (Martine Perez) 08/02/11 – Le Figaro.fr (Pauline Fréour) 08/02/11 – Ouest-France 08/02/11 – Europe1.fr (Matthieu Bock) 07/02/11

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