Suite au recours déposé par l’association Alliance Vita auprès du tribunal judiciaire de Paris, « la justice a demandé que soient réaffichées dans les gares franciliennes » les visuels de la campagne d’affichage de l’association. Cette campagne proposait plusieurs affiches autour d’un slogan commun « “la société progressera”, y ajoutant, selon les cas, “à condition de respecter la paternité” ou “la maternité” ainsi que “la différence” ».
Les affiches avaient été retirées à la demande de la maire de Paris, Anne Hidalgo. La régie publicitaire Mediatransports avait obtempéré le jour même, « avec l’accord de la SNCF Gares & Connexions ». Suite à la décision de justice, la maire de Paris a appelé la régie « à user de toutes les voies de droit possibles pour qu’il soit mis définitivement fin à cette campagne ». Et Mediatransports a indiqué son intention de faire appel, alors que « l’entreprise avait validé la campagne après avis favorable de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité ».
Une réaction que l’avocat Régis de Castelnau juge servile, lorsque l’argument invoqué est un affichage « militant » et que « l’on voit ce qui est habituellement placardé dans les gares et les stations de métro ». Pour Bertrand Vergely, les affiches « gentillettes » n’auraient pas dû conduire les couples gays à se sentir attaqués. Mais que les propos tenus ne soient « ni homophobes, ni misogynes mais soulèvent de vraies questions à propos de réelles contradictions » est « très ennuyeux » car « un réac intelligent qui pose les bonnes questions, c’est embarrassant ». Alors on fait « comme le progressisme a toujours fait : on censure ». Ce que Régis de Castelnau trouve d’autant plus « inquiétant » que « le camp du bien trouve cela tout à fait normal ». Peut-on interdire « toute expression à ceux qui ne sont pas d’accord avec vous » ? Ou ne proposer que des « des contenus neutres » ? Pour Bertrand Vergely, « rien n’est neutre ». « Quand un couple d’hommes gays fait de la pub pour des préservatifs, ce n’est pas neutre. » A-t-on censuré l’affiche de François Mitterrand, « la force tranquille » sur fond de terroir bien français, « sous prétexte qu’elle était trop politique » ?
Dans une tribune parue dans Le Figaro, l’essayiste Mathieu Bock-Côté dénonce quant à lui un espace public qui « ne cesse de se rétrécir ». Le progressisme devenu « obligatoire » « ne tolère pas qu’on ne voie pas le monde comme lui », cantonnant « les invariants anthropologiques » à « des restes usés du monde d’hier ». S’appuyant sur les pouvoirs publics et la « frilosité des annonceurs, toujours soucieux de ne pas faire de vagues », le progressisme « rêve d’exercer un monopole sur le récit médiatique légitime et de contrôler toutes les représentations sociales admises dans l’espace public ». Et de souligner qu’ « il ne nous est pas interdit de noter que le progressisme renoue dans l’enthousiasme avec sa tentation totalitaire ».
AFP (03/01/2020 et 04/01/2020) – Le Figaro, Mathieu Bock-Côté (03/01/2020) – Atlantico, Régis de Castelnau et Bertrand Vergely (04/01/2020)