Des familles de patients décédés par ‘aide médicale à mourir’ au Canada ont témoigné de leur expérience « traumatisante » lors d’une conférence de presse animée par deux députés.
Erin Smith a perdu son père par aide médicale à mourir. Admis à l’hôpital après une mauvaise chute, il y contracte une infection nosocomiale. Négligé, il se sent un poids pour les équipes. C’est alors qu’un membre du personnel de l’hôpital lui suggère qu’il serait admissible à l’‘aide médicale à mourir’. On lui diagnostique opportunément une BPCO[1] en phase terminale. Sans attendre une seconde évaluation, l’aide médicale à mourir est programmée et a lieu dans les 48 heures. Un processus « précipité », sans consultation du médecin de famille, ou d’un spécialiste. Une autopsie viendra contredire le diagnostic de BPCO. « Pourquoi est-ce arrivé ? » s’interroge Erin Smith, qui estime que son père a été conduit à l’aide médicale à mourir par mesure d’économie.
Alicia Duncan et sa sœur ont, elles, perdu leur mère par ‘aide médicale à mourir’ : suite à un accident de voiture, la santé de leur mère décline et son comportement change. « Nous pensions, ce qui a été confirmé par la suite, qu’elle n’avait pas suivi les traitements prescrits par son médecin et que notre mère souffrait de dépression ». Elles sont brusquement mises devant le fait accompli : leur mère a postulé et été ‘approuvée’ pour l’aide médicale à mourir, prévue deux jours plus tard. Elle meurt sans avoir vu un spécialiste. Alicia et sa sœur mettent en cause un « système de santé en panne », qui « tue des patients alors qu’ils ont la possibilité de guérir ». « L’accès à des médecins spécialistes prend des mois quand l’accès à l’’aide médicale à mourir’ peut prendre quelques jours », s’indignent-elles. Elles ont initié un recours en justice.
[1] Bronchopneumopathie chronique obstructive
Source : True North, Elie Cantin-Nantel (11/05/2022)