Dans un avis adopté vendredi 10 décembre 2021, le Collège des médecins du Québec s’est prononcé pour l’élargissement de l’aide médicale à mourir, aux personnes atteintes d’un trouble de santé mentale et aux enfants (Cf. Canada : Le collège des médecins favorable à l’élargissement de l’aide médicale à mourir).
L’aide médicale à mourir est légale au Québec, depuis 2014. La personne doit être en mesure de donner son consentement, être atteinte d’une maladie incurable, avancée et irréversible. Elle doit ressentir des souffrances insupportables. Ainsi, les personnes « souffrant de troubles neurocognitifs » ou « atteintes de troubles mentaux » ne peuvent la demander, faute de pouvoir donner leur consentement (Cf. Au Canada, nouvel assouplissement des conditions d’accès à l’aide médicale à mourir).
Le gouvernement fédéral doit se prononcer en 2022 sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir. Un projet de loi devrait être déposé durant la prochaine session parlementaire (Cf. Canada : l’aide médicale à mourir, nouveau business des salons funéraires).
L’euthanasie proposée pour les bébés et les “mineurs matures”
Selon l’avis du Collège des médecins, l’aide médicale à mourir pourrait être « un soin approprié » pour les bébés de moins d’un an, « victimes de souffrances extrêmes » (cf. Pays-Bas : des pédiatres favorables à l’euthanasie des enfants de moins de 12 ans). Ils doivent être affectés par « malformations sévères ou des syndromes polysymptomatiques graves, qui annihilent toute perspective de survie ». Selon le docteur Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins, les parents seraient impliqués dans la prise de décision. Cette dernière suivrait « un protocole strict ».
De même, le Collège s’est aussi prononcé pour l’aide médicale à mourir des « mineurs matures ». Ces « enfants âgés de 14 à 17 ans » pourraient y « consentir conjointement avec l’autorité parentale ». Le docteur Mauril Gaudreault justifie sa position par le fait que leur souffrance « peut être aussi intolérable que chez les adultes ».
Des directives anticipées pour les personnes atteintes de troubles neurocognitifs
L’avis du Collège prévoit aussi que « les personnes atteintes de troubles neurocognitifs, comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, devraient pouvoir avoir recours à l’aide médicale à mourir si elles le désirent ». Seule condition, les malades doivent donner des directives anticipées, tant qu’elles sont en mesure de « donner leur consentement ».
En revanche, la Commission spéciale sur l’évolution de la loi concernant les soins de fin de vie s’est prononcée contre l’accès à l’aide médicale à mourir pour « les personnes dont le seul problème médical est un trouble mental » (cf. Québec : la demande anticipée d’aide médicale à mourir validée par une commission). Elle considère qu’« il n’existe pas un consensus parmi les professionnels de la santé quant à l’incurabilité des troubles mentaux » (cf. Pays-Bas : consulté pour une demande d’euthanasie, un médecin guérit un malade psychiatrique).
Source : La Presse, Ariane Lacoursière (13/12/2021) – Photo : iStock