Autorisé au Canada depuis 2016, le suicide médicalement assisté a eu pour conséquence de doper le don d’organes et l’Agence Trillium, qui supervise les dons d’organes et de tissus en Ontario, se félicite de la croissance exponentielle des candidats au suicide assisté optant pour le don d’organes : 14% entre 2019 et 2018 et 107% depuis 2017.
La loi oblige l’hôpital ou le médecin agréé pour accompagner le suicide à prévenir l’Agence lorsque la mort est imminente. Elle entre alors en contact avec le patient afin de lui faire valoir l’intérêt de donner ses organes. Planifié, ce don d’organes offre l’avantage d’accorder plus de temps à l’Agence pour apprécier la qualité des organes et leur adéquation avec les receveurs.
Seule réserve, la plupart des patients qui recourent au suicide assisté choisissent de mourir chez eux or la loi stipule que les donneurs d’organes doivent mourir à l’hôpital (les yeux, les valves cardiaques, les tendons osseux et la peau demeurent cependant récupérables à la suite du décès à domicile). Toutefois, après une discussion avec l’Agence, certains patients changent d’avis et choisissent de mourir à l’hôpital.
L’avocat Wesley Smith dénonce cet opportunisme morbide qui signifie clairement « aux Canadiens suicidaires et handicapés que leur décès peut avoir une plus grande valeur pour le Canada que leur vie », les démarches proactives de l’agence Trillium et son triomphalisme qui considère la mort de certains canadiens comme « une bonne aubaine ». « Beaucoup de ces donneurs d’organes tués n’étaient pas en train de mourir de façon imminente. En général, ils n’auront pas non plus bénéficié de services de prévention du suicide, car les personnes malades ou handicapées qui demandent l’euthanasie sont de plus en plus abandonnées à la mentalité de “mort dans la dignité” au Canada. »
L’avocat ne cache pas ses inquiétudes : « Un jour, le Canada se passera probablement de la partie euthanasie et passera directement à la mise à mort par prélèvement d’organes – ce qui est déjà proposé dans les revues de bioéthique et les revues médicales. Il est dit que cela permettrait d’avoir des organes plus viables. Une fois que l’on a dépassé ce que les bioéthiciens appellent “le facteur beurk”, il y a une suite logique imparable, que l’on pourrait appeler le fruit d’un arbre légalement vénéneux ».
Pour aller plus loin :
En Ontario au Canada, des collusions entre euthanasie et don d’organes ?
Au Canada, un homme souffrant de dépression a été euthanasié
Le pape François dénonce l’euthanasie qui repose sur une “vision utilitariste de la personne”
Ottawa Citizen,Bruce Deachman (06/01/20) – National Review, Wesley J. Smith (06/01/20)