Une étude menée en Australie a révélé que l’huile de cannabidiol, également appelée CBD, ne soulageait pas les patients en soins palliatifs atteints d’un cancer avancé. Aucun effet n’a pu être détecté non plus sur « leur état émotionnel, la qualité de vie globale, la fatigue, les nausées et les vomissements, la dyspnée ou la perte d’appétit ». Les résultats ont été publiés dans le Journal of Clinical Oncology.
L’essai, mené par l’hôpital Mater et l’Université du Queensland, a porté sur 144 patients, et a été réalisé en double aveugle : ni les chercheurs ni les participants ne savaient s’ils recevaient du cannabis médical ou un placebo. Tous les patients ont continué à recevoir des soins palliatifs « standard » pendant toute la durée de l’essai.
« Habituellement, les nouveaux produits qui arrivent sur le marché ont fait l’objet d’études précliniques approfondies concernant le meilleur dosage et l’utilisation, mais le cannabis médical est arrivé sur le marché avec très peu d’indications », pointe le Pr Janet Hardy, principal auteur de cette recherche. Elle explique envisager à présent d’étudier « une combinaison de CBD et de THC pour voir s’il est nécessaire d’avoir du THC pour tirer un quelconque bénéfice du cannabis médical ».
Un engouement sans fondement ?
Malgré l’absence de preuves de bénéfices, 36% des participants à l’étude ont décidé d’acheter un produit à base de cannabis médical après l’essai, même s’ils ne savaient pas s’ils prenaient du CBD ou un placebo.
En général, dans les essais qui ont été menés sur le sujet, les personnes qui prennent des placebos déclarent ressentir un même niveau de soulagement de la douleur que celles auxquelles on administre la substance cannabinoïde active, confirme Filip Gedin, chercheur postdoctoral au département des neurosciences cliniques du Karolinska Institutet et premier auteur d’une étude sur le sujet[1]. Pourtant, « ces études bénéficient d’une couverture médiatique importante, quels que soient les résultats cliniques », affirment les chercheurs dans leur étude.
« Nous constatons que les études sur le cannabis sont souvent décrites en termes positifs dans les médias, quels que soient leurs résultats », explique Filip Gedin[2]. Ce qui est « problématique » juge-t-il. En effet, « plus les avantages d’un traitement sont supposés être importants, plus ses inconvénients potentiels pourront être tolérés ».
[1] Filip Gedin et al, Placebo Response and media attention in randomized clinical trials assessing cannabis-based therapies for pain: A systematic review and meta-analysis, JAMA Network Open (2022). DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2022.43848
[2] L’analyse s’est appuyée sur 20 études publiées jusqu’en septembre 2021, impliquant près de 1 500 personnes.
Sources : The Guardian, Melissa Davey (28/11/2022) ; Medical Xpress, Karlinska Institutet (28/11/2022)