Changement de genre chez les mineurs : l’alerte des pédiatres américains

Publié le 11 Juin, 2024

Jeudi, le Collège américain des pédiatres [1] a demandé aux organisations médicales des Etats-Unis de cesser de promouvoir les interventions de transition de genre auprès des enfants et des adolescents. Un groupe de près de 100 professionnels de la santé et de 18 organisations médicales a approuvé cette déclaration qui invite les médecins à « s’en tenir à des recherches fondées sur des données probantes » et à « recourir à des évaluations et à des thérapies globales pour identifier et traiter les troubles psychologiques qui sous-tendent ou accompagnent la dysphorie de genre » (cf. Changement de genre chez les mineurs : l’impact des traitements hormonaux sur la dépression et le suicide reste inconnu).

Les signataires affirment en effet qu’il existe « peu de preuves » que les interventions dites d’« affirmation du genre » constituent des « traitements efficaces ». Au contraire, elles s’accompagnent plutôt de « risques graves » à long terme (cf. Changement de sexe chez les enfants : « un des plus grands scandales sanitaire et éthique »).

L’Académie américaine de pédiatrie avait, elle, affiché son soutien à ce type de traitements, demandant toutefois un « examen systématique » de la recherche médicale en la matière.

La multiplication des alertes…

Au début du mois de juin, la Société allemande de psychiatrie, de psychothérapie et de neurologie s’est opposée aux nouvelles lignes directrices allemandes relatives au traitement des mineurs présentant une dysphorie de genre. Ces directives préconisent l’utilisation d’hormones et le recours à la chirurgie pour traiter les mineurs (cf. Changement de genre chez les mineurs : les médecins allemands interpellent le Gouvernement).

Elle a été rejointe par la Société suisse de psychiatrie et de psychothérapie de l’enfant et de l’adolescent qui appelle à « ne pas promouvoir des traitements expérimentaux et inutilement invasifs dont les effets psychosociaux ne sont pas prouvés ».

… et des revirements

La Grande-Bretagne vient de complètement revoir sa politique en matière de changement de genre chez les mineurs en interdisant les bloqueurs de puberté, sauf dans le cadre de programmes de recherche (cf. Angleterre : le NHS met fin aux bloqueurs de puberté). En France, une proposition de loi a été adoptée par le Sénat pour qu’ils ne soient prescrits aux mineurs que dans des « centres de référence » et après deux ans de suivi médical (cf. Changement de genre chez les mineurs : le Sénat adopte une proposition de loi visant à « encadrer les pratiques médicales »).

En Finlande, des praticiens reviennent également sur leurs positions. Ainsi, le professeur Riittakerttu Kaltiala, chef du département de pédopsychiatrie de l’hôpital universitaire de Tampere, et « pionnière » dans la prise en charge des mineurs se déclarant transgenres dès 2011, alerte désormais.

Des doutes interdits

A l’époque elle est sollicitée par le ministère de la Santé finlandais pour mettre en place un centre de changement de genre pour les mineurs, à Tampere. On y prescrit des bloqueurs de puberté. « Contrairement à ce qu’avait raconté l’équipe hollandaise en 2011 (cf. Dysphorie de genre : un hôpital abandonne le traitement hormonal chez les mineurs, jugé « expérimental »), les jeunes qui recevaient ces bloqueurs de puberté, dans leur grande majorité, n’allaient pas mieux, n’allaient pas bien sur le plan psychologique », témoigne le professeur. Mais il est difficile de faire part de ces doutes, « du fait de la pression politique affirmant que refuser un changement de sexe à un mineur était une discrimination ». Pourtant « avec ces traitements, on peut faire plus de mal que de bien », affirme le Pr Kaltiala. « Quelques jeunes peuvent en bénéficier, après la puberté, pas avant, et après une évaluation sérieuse, juge-t-elle. Avant la puberté, ceux qui disent s’identifier à l’autre sexe et souffrir de dysphorie de genre doivent attendre. La plupart finissent par s’identifier à leur sexe d’origine. »

Finalement, « quelques années après l’ouverture de ce service de changement de genre », des patients qui y avaient été pris en charge sont revenus pour « retrouver leur sexe de naissance ». « Ces “détransitionneurs” représentaient un type de patients qui n’était pas censé exister, selon les auteurs du protocole néerlandais », pointe la pédopsychiatre. Bien que leur nombre soit mal connu, il est estimé à 30% aux Etats-Unis (cf. Dysphorie de genre : des “détransitionneurs” de plus en plus nombreux).

 

[1] American College of Pediatricians

Sources : WNG, Lauren Canterberry (10/06/20224) : Le JDD, Dr Martine Perez (10/06/2024)

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