Le Dr Jennifer Gaudiani, médecin spécialiste des troubles de l’alimentation à Denver, a affirmé dans une revue médicale[1] : « les patients atteints d’anorexie mentale ‘terminale’, gravement compromis sur le plan physiologique et dont les souffrances en fin de vie résultent de douleurs psychologiques et physiques, devraient avoir accès à l’aide médicale à mourir là où elle est légale, comme tout autre patient en phase terminale ». Elle exerce dans le Colorado, où l’aide médicale à mourir est légale depuis 2016.
Dans l’article cité, elle présente trois cas « exceptionnels », trois personnes atteintes d’« anorexie mentale sévère et persistante », qu’aucun traitement antérieur n’a pu soulager. Pour le Dr Gaudiani, leur trouble psychiatrique était « insoluble ». Elle qualifie ces cas de « terminaux », reprenant le terme employé pour les cancers, dont les stades d’évolution sont bien définis contrairement aux maladies psychiatriques. Elle suggère que dans de tels cas, les patients reçoivent une « aide médicale à mourir », qu’elle distingue du suicide.
Une prise de position qui a fait réagir ses confrères :
Pour le docteur Angela Guarda, « c’est en contradiction directe avec le traitement de la maladie mentale, la promotion de l’espoir de guérison et l’amélioration de la qualité de vie de nos patients (…) L’anorexie est traitable, pas terminale, et l’ambivalence d’un patient à propos du traitement est une caractéristique du trouble psychiatrique ». D’autres psychiatres ont déclaré que l’étude du Dr Gaudiani était « dangereuse » pour les patients et leurs familles. Enfin le docteur Patricia Westmoreland, psychiatre s’est dit « extrêmement inquiète pour ses autres patients psychiatriques très vulnérables ».
Le bioéthicien Wesley J Smith, réagit lui aussi à ces propos : « Dans ce cas, pourquoi ne pas autoriser une overdose intentionnelle et mortelle d’opioïdes comme ‘traitement’ des troubles lié à l’utilisation d’opioïdes ? Une fois que vous avez ouvert la porte à l’un en le redéfinissant comme « terminal », vous ne pourrez plus empêcher les autres d’entrer. Lorsque les psychiatres abandonneront leurs patients atteints de troubles mentaux – et seront même autorisés à les aider à se suicider – qui défendra la valeur et l’importance continue de leur vie ? Comment ces personnes très malheureuses seront-elles maintenues parmi nous pendant leurs jours les plus sombres ? »
[1] Gaudiani, J.L., Bogetz, A. & Yager, J.Terminal anorexia nervosa: three cases and proposed clinical characteristics. J Eat Disord 10, 23 (2022). https://doi.org/10.1186/s40337-022-00548-3
Sources : Bioedge, Michael Cook (26/02/2022) ; Colorado Sun (14/03/2022)