Jeudi, le gouvernement a annoncé que la gratuité de la « contraception hormonale » serait étendue aux femmes jusqu’à 25 ans à partir du 1er janvier prochain (cf. Contraception : la gratuité étendue jusqu’à 25 ans).
Une annonce largement saluée par l’Ordre des sages-femmes qui estime qu’effectivement, le « coût de la contraception est un frein majeur à son recours pour les 18-25 ans »[1]. Mais cette analyse n’est pas partagée par le gynécologue Israël Nisand : « la raison financière est présente, mais secondaire ». « Il y a des jeunes qui ne veulent pas entendre parler de la contraception. D’abord parce que c’est celle des mamans. Ensuite parce que c’est des hormones et que ça perturbe l’organisme », explique-t-il. La rubrique « vérification » du Figaro confirme que les raisons de recul de la contraception « sont multiples et en grande partie liées aux différents épisodes médiatiques qui ont mis en relief certains effets indésirables de la pilule » (cf. Imposer un « besoin » contraceptif, est-ce cela l’émancipation des femmes ?; “J’arrête la pilule” : Une remise en cause de la contraception hormonale).
Le gouvernement plaide également pour la gratuité de la contraception car elle entrainerait une « nette baisse du taux de recours à l’interruption de grossesse ». Selon lui, les chiffres de la DREES corroboreraient cette théorie, le taux de recours à l’IVG ayant diminué depuis la gratuité de la contraception accordée aux mineures en 2013. Mais « quand on analyse finement les données de la Drees, on se rend compte que le nombre d’IVG baisse certes chez les mineures depuis l’instauration de la gratuité, mais il décline aussi, et dans les mêmes proportions, chez les jeunes majeures de 18 et 19 ans », rapporte Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques. Sans compter que « 72 % des IVG interviennent chez des femmes sous contraception » (cf. Contraception et avortement : une même logique).
Par ailleurs explique Edouard Husson, professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes, « ce n’est pas anodin d’affirmer que la contraception est gratuite : inévitablement, cela aboutit à une conséquence anthropologique terrible : l’acte sexuel n’a plus de valeur (…) la sexualité elle-même devient un acte sans valeur, banal, rendant l’individu encore plus vulnérable à toutes les manipulations ». Pour lui, l’« apparente générosité » du gouvernement relève de la « logique où les jeunes filles doivent être poussées à utiliser la contraception pour augmenter les profits de l’industrie pharmaceutique ». L’État garantit en effet « des revenus stables à l’industrie pharmaceutique puisque c’est lui qui fournira, de fait, les contraceptifs ».
D’autres estiment cette annonce très « politique », intervenant au lendemain de la conférence de presse d’Albane Gaillot, auteur d’une proposition de loi visant à allonger le délai légal pour avorter : « l’extension de la gratuité de la contraception hormonale serait-elle donc une forme de réponse au débat sur l’allongement des délais de l’IVG ? » (cf. Fin de vie, avortement, quels projets pour la fin du quinquennat ?)
Sources : LCI, Charlotte Anglade (10/09/2021) ; Aleteia, Mathilde de Robien (9/09/2021) ; La Croix, Emmanuelle Lucas et Bernard Gorce (9/09/2021) ; Le Figaro, Mayeul Aldebert (10/09/2021) ; France info (9/9/2021) ; Atlantico, Edouard Husson (11/09/2021)
[1] L’Ordre des sages-femmes plaide d’ailleurs pour que la pilule du lendemain soit incluse dans le dispositif. Elle est déjà gratuite pour les mineures et les majeures des établissements scolaires et universitaires.