Alors que le Convention citoyenne sur la fin de vie s’est ouverte le week-end dernier en donnant la parole à des militants de la légalisation de l’euthanasie (cf. Lancement de la convention citoyenne : beaucoup de questions, et d’inquiétudes), Henri de Soos, auteur de L’Impasse de l’euthanasie, interpelle Claire Thoury, présidente du Comité de gouvernance de la convention citoyenne sur twitter : « pourquoi aucun de ces 4 livres parus en 2022 n’est cité dans votre bibliographie pour les membres de la Convention Fin de vie ? Est-ce parce qu’ils alertent sur les dangers de l’euthanasie ? Est-ce cela la neutralité et transparence que vous garantissez ? ». Parmi les ouvrages ignorés de la bibliographie officielle : Quand l’euthanasie sera là de Damien Le Guay (cf. Euthanasie : « Une nouvelle morale s’instaure : celle de l’abnégation sociale, de ma mort au profit du collectif »), Fin de vie en République d’Erwan Le Morhedec, L’impasse de l’euthanasie d’Henri de Soos et Fin de Vie : peut-on choisir sa mort ? de Jean-Marie Gomas et Pascale Favre.
A la liste des « oublis », on pourrait aussi ajouter l’essai d’Emmanuel Hirsch : Vincent Lambert une mort exemplaire ?, auquel le CESE a préféré L’affaire Vincent Lambert : enquête sur une tragédie familiale d’Ixchel Delaporte ou Pour qu’il soit le dernier, un ouvrage signé par le neveu de Vincent Lambert. Du côté de la filmographie, Tout s’est bien passé figure en tête quand Plan 75 a été délaissé (cf. Plan 75, un film de science-fiction sur l’euthanasie ?).
« La bibliographie vise à donner aux citoyens les clés pour comprendre les grands enjeux de la fin de vie, non pas les aider à se positionner sur un sujet spécifique », se défend le CNSPFV (cf. CNSPFV : la pluralité pour avancer masqué ?). « J’imagine que nos livres sont trop engagés. Le CNSPFV et le CESE auront préféré des ouvrages plus académiques et neutres, comme ceux de Jean-Luc Romero, François Damas, Denis Labayle, Martine Lombard qui, eux, figurent bien dans le corpus », ironise Erwan Le Morhedec.
Cette polémique intervient alors que Philippe Pozzo di Borgo lance un appel dans le journal Ouest France. Tétraplégique depuis 30 ans, il espère alerter sur le message envoyé par les « bien portants » qui « nous décrètent malheureux sans même nous connaître ». « Nous sommes incontinents, souffrants, paralysés ou désorientés, porteurs de handicap ou de maladies invalidantes, victimes des séquelles d’accidents, traumatisés crâniens ou malades psychiques. Tous, nous nous sentons encore plus fragilisés par ce débat », affirme-t-il. « On applaudit ceux qui vont se suicider à l’étranger en désespoir de cause, comme si nous devions faire de même. C’est ce qui nous fait le plus mal. », explique-t-il. Alors qu’« on parle beaucoup d’inclusion », « certains regards, certains mots posés sur nous laissent entendre que nous ne serions pas complètement vivants ».
Son dernier ouvrage n’a, lui non plus, pas trouvé grâce aux yeux du CESE (cf. Le promeneur immobile).